Mardi 2 septembre 2020, après de nombreuses années de campagnes menées par des groupes de défense des droits des femmes et des survivantes, le gouvernement a accepté de modifier le code pénal pour reconnaître enfin dans la loi que les relations sexuelles sans consentement constituent un viol.
«C'est une victoire historique, non seulement pour les personnes qui ont mené campagne et se sont battues longtemps et avec acharnement pour que ce jour arrive, mais aussi pour tout le monde au Danemark. Une loi sur le consentement conforme aux droits humains permettrait de positionner le Danemark comme un exemple pour les autres pays d'Europe qui se soucient de l'accès à la justice pour les victimes de viol et d'une véritable égalité des sexes», a déclaré Anna Błuś, chercheuse d'Amnesty International sur les droits des femmes.
«La nouvelle législation doit reconnaître la simple vérité que les relations sexuelles sans consentement sont un viol et indiquer très clairement que la violence physique n'est pas nécessaire pour que le crime soit considéré comme un viol. Même dans les relations et les mariages de longue durée, le consentement ne peut jamais être présumé».
Une reconnaissance vitale
Hier, le ministre danois de la justice, Nick Hækkerup, s'est engagé à «s'éloigner d'un système où il fallait de la coercition et de la violence pour que ce crime soit considéré comme un viol, pour passer à un système de consentement. C'est un viol si quelqu'un n'est pas d'accord». Cette reconnaissance est d'une importance vitale.
La modification des lois désuètes et dangereuses sur le viol est une étape majeure pour mettre fin à la stigmatisation généralisée et à l'impunité endémique de ce crime. La réforme législative peut également être un point de départ crucial pour changer les comportements et les attitudes, mais pour ce faire, elle doit s'accompagner d'efforts concertés pour remettre en question les mythes néfastes et les stéréotypes sexistes largement répandus.
«La réforme de la législation a le potentiel d'influencer également les mentalités, c'est pourquoi cet engagement du gouvernement danois est un pas en avant bienvenu», a déclaré Anna Błuś.
«Nous attendons maintenant avec impatience de voir le texte de loi et d'entendre comment les autorités ont l'intention de remettre en question les mythes du viol et les stéréotypes négatifs sur les sexes à tous les niveaux de la société. Cela nécessitera un changement institutionnel et social, ainsi qu'une éducation complète à la sexualité et aux relations, y compris sur le consentement sexuel. Nous sommes convaincu·e·s que, sous l'impulsion des survivantes, le Danemark peut ouvrir une nouvelle voie que d'autres pays d'Europe suivront».
Complément d'informations
Il est choquant de constater que si la loi est adoptée, le Danemark ne sera que le dixième pays de l'Espace économique européen à reconnaître que les relations sexuelles sans consentement constituent un viol. La Grèce et l'Espagne ont récemment annoncé qu'elles allaient modifier leur législation pour reconnaître ce fait.
Au Danemark, les viols sont très peu signalés et même lorsque les femmes se rendent à la police, les chances de poursuites ou de condamnation sont très minces. Sur les 24 000 femmes qui, selon une étude récente, ont été victimes d'un viol ou d'une tentative de viol en 2017, seuls 890 viols ont été signalés à la police. Sur ce nombre, 535 ont donné lieu à des poursuites et seulement 94 à des condamnations.