© Howie Shia / Amnesty International
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Pegasus / Espagne Des Catalans ont été ciblés par le logiciel espion Pegasus

Communiqué de presse du 19 février 2022, Londres/Berne. Contact du service de presse
Les institutions de l'Union européenne ne parviennent pas à mettre fin aux violations des droits humains commises à l'aide de logiciels espions, comme en Espagne. De nouvelles recherches indépendantes d’Amnesty International confirment que des attaques utilisant le logiciel espion Pegasus ont visé d'éminents Catalans.

De nouvelles recherches menées par le Citizen Lab ont révélé comment des dizaines de politiciens catalans, de journalistes et de membres de leur famille ont été ciblés entre 2015 et 2020 par le logiciel espion Pegasus, de NSO Group. Des experts du laboratoire de sécurité d'Amnesty International ont vérifié de manière indépendante les preuves de ces attaques.

Parmi les cibles confirmées figurent Elisenda Paluzie et Sònia Urpí Garcia, qui travaillent avec l'Assemblea Nacional Catalana, une organisation politique indépendantiste catalane. Elisenda Paluzie est l'actuelle présidente du groupe.

Le téléphone de la journaliste catalane Meritxell Bonet a également été piraté en juin 2019. Elle était visée dans les derniers jours d'un procès devant la Cour suprême contre son mari Jordi Cuixart, militant et ancien président de l'association catalane Òmnium Cultural, qui a été condamné pour "sédition".

Le politicien, professeur d'université et activiste catalan Jordi Sànchez a été traqué de manière étendue et persistante par Pegasus, dès septembre 2015 et jusqu'en juillet 2020. Entre 2015 et 2017, il a été président de l'Assemblea Nacional Catalana. Son téléphone a été piraté avec succès via Pegasus le 13 octobre 2017, quelques jours avant son arrestation par les autorités espagnoles pour une accusation de "sédition".

En octobre 2020, Amnesty International Espagne a écrit au gouvernement espagnol pour lui demander de divulguer des informations sur tous les contrats passés avec des sociétés privées de surveillance numérique, ce qui n'a pas été fait. Par la suite, Amnesty International Espagne a également contacté le ministère espagnol de la Défense pour demander au Centre national de renseignement des informations sur l'utilisation de Pegasus. Le ministère a répondu que ces informations relevaient de sujets classifiés. NSO affirme qu'elle ne vend qu'aux gouvernements et que ses outils sont destinés à être utilisés pour combattre le grand crime organisé et le terrorisme.

"Le gouvernement espagnol doit clairement révéler s'il est ou non un client du groupe NSO. Il doit également mener une enquête approfondie et indépendante sur l'utilisation du logiciel espion Pegasus contre les Catalans identifiés dans le cadre de cette enquête ", a déclaré Likhita Banerji, chercheuse sur les technologies et les droits humains à Amnesty International.

Le laboratoire de sécurité d'Amnesty International a examiné les preuves médico-légales d'un échantillon de personnes identifiées pour la première fois dans l'enquête du Citizen Lab, et a trouvé des preuves de ciblage et d'infection par Pegasus dans tous les cas.

Première réunion de la Commission d'enquête du Parlement européen

Ces révélations interviennent alors qu'une commission d'enquête du Parlement européen doit tenir sa première réunion mardi 19 avril sur les violations du droit européen liées à l'utilisation de Pegasus et de logiciels espions équivalents, conséquence directe des révélations du projet Pegasus en juillet 2021. La semaine dernière, Reuters a rapporté que de hauts responsables de l'UE avaient été ciblés par Pegasus de NSO Group.

"Nous demandons instamment à la commission d'enquête du Parlement européen de ne négliger aucune piste pour documenter les violations des droits humains rendues possibles par les logiciels espions illégaux, notamment en enquêtant sur ces nouvelles révélations", a déclaré Likhita Banerji.

"Les gouvernements du monde entier n'ont pas assez enquêté sur les violations des droits humains causées par des logiciels espions invasifs comme Pegasus, et n’y ont pas mis fin. L'utilisation, la vente et le transfert de cette technologie de surveillance doivent être temporairement interrompus afin d'empêcher de nouvelles atteintes aux droits humains."

Amnesty International, aux côtés d'autres organisations de la société civile, a déjà recueilli des informations sur l'utilisation illégale et généralisée de logiciels espions contre des militants, des politiques et des journalistes dans le monde entier, notamment dans le cadre du projet Pegasus.

En Europe, des militants, des journalistes et d'autres membres de la société civile ont été illégalement ciblés en Belgique, en France, en Grèce, en Hongrie, en Pologne, en Espagne et au Royaume-Uni. 

NSO Group n'a pas pris de mesures adéquates pour mettre fin à l'utilisation de ses outils pour la surveillance ciblée illégale de militants et de journalistes, alors qu'il savait, ou aurait dû savoir, que cela se produisait. NSO Group doit immédiatement fermer les systèmes des clients lorsqu'il existe des preuves crédibles d'une utilisation abusive de ses outils.