Cette décision aberrante établit un précédent dangereux pour quiconque tente de dénoncer le comportement abusif des forces de police à Calais et dans le reste du pays. Elle pourra également dissuader les défenseurs des droits des personnes migrantes et réfugiées de continuer leur action, ce qui aura pour conséquence de laisser ces personnes dans une situation encore plus précaire.
«Cela fait trois ans que je dénonce la politique menée à Calais, et je suis finalement condamné... pour un tweet humoristique. C'est frustrant... Mais cela ne nous empêchera pas de continuer à venir en aide aux migrants et aux réfugiés. La situation n'a pas changé, et il faut rester mobilisé.» - Loan Torondel
«Cela fait trois ans que je dénonce la politique menée à Calais, et je suis finalement condamné... pour un tweet humoristique. C'est frustrant... Mais cela ne nous empêchera pas de continuer à venir en aide aux migrants et aux réfugiés. La situation n'a pas changé, et il faut rester mobilisé,» a déclaré Loan Torondel.
Cette affaire illustre tristement la criminalisation et le harcèlement dont sont aujourd’hui victimes les personnes défendant les droits des migrant.e.s et réfugié.e.s dans le nord de la France. Au lieu de harceler et condamner ces défenseurs des droits humains, les autorités françaises devraient reconnaître et soutenir leur action essentielle.
Katia Roux, responsable du travail de plaidoyer sur les défenseurs des droits humains à Amnesty International France, a déclaré: «Loan Torondel n’a rien fait de mal et sa condamnation pour diffamation doit être annulée. Les poursuites engagées à son encontre montrent la manière dont des défenseurs des droits humains qui s’efforcent de venir en aide à des personnes en quête de sécurité en Europe sont harcelés et pris pour cibles par le biais du système judiciaire pénal, simplement parce qu’ils agissent avec humanité et compassion.»
Poursuivi pour un tweet
Loan Torondel a été déclaré coupable de diffamation après avoir posté sur Twitter, en janvier 2018, un tweet qui contenait une photographie prise alors qu’il suivait la situation humanitaire des migrants et des réfugiés dans le cadre de son travail pour une association basée à Calais, L’Auberge des Migrants. Sur cette photographie, on peut voir deux policiers français se tenant debout devant un homme, selon toute vraisemblance un migrant, assis sur son sac de couchage. La légende suggère que les policiers sont sur le point de lui enlever sa couverture, malgré le froid.
Amnesty International s’oppose aux lois qui rendent passible de sanctions pénales la diffamation de personnalités publiques ou de particuliers, car elle estime que ces affaires doivent relever du droit civil.
Elle a eu connaissance de nombreuses informations faisant état de comportements violents des forces de police à l’égard des réfugiés et des migrants, et de ceux qui défendent leurs droits dans la région de Calais.