Des Syriens, parmi lesquels quatre enfants de moins de cinq ans, ont été secourus dans les eaux grecques lorsque leur bateau, effectuant la traversée entre la Turquie et l’Italie, a rencontré des problèmes. Ils ont été emmenés sur l’île de Milos le 9 octobre. Les huit personnes concernées ont fait état de leur intention de demander l’asile, mais ont été renvoyées en Turquie le 20 octobre. Ces réfugiés déclarent qu’on leur a affirmé à tort qu’ils étaient transférés vers Athènes. Au lieu de cela, on les a fait embarquer, escortés par des membres de Frontex - l’agence européenne de la gestion des frontières -, à bord d'un avion à destination d’Adana, en Turquie, en violation du droit international et communautaire.
Trahis par le système
«Les autorités grecques et l’Union européenne ont affirmé à de nombreuses reprises que l’ensemble des réfugiés syriens arrivant dans le pays voient leur demande d’asile examinées comme il se doit, mais les éléments dont nous disposons désormais semblent fortement indiquer le contraire», a déclaré John Dalhuisen, directeur pour l’Europe à Amnesty International. «Ces réfugiés ont été trahis par un système qui non seulement ne leur a pas offert la protection à laquelle ils avaient droit, mais n’a en outre pas du tout pris en compte leurs besoins.»
Amnesty International a parlé à deux membres de ce groupe de réfugiés syriens, dont un homme qui voyageait avec son épouse et leurs quatre enfants. L’organisation a également consulté des documents officiels prouvant que huit membres de ce groupe avaient fait état de leur intention de demander l’asile, et enquête par ailleurs sur deux autres cas de personnes renvoyées sur le même vol. L’une d’entre elles a déclaré à Amnesty International : «Voir le drapeau turc à l’aéroport a brisé mes rêves.» Une autre a dit : «Ils nous ont menti.»
Ils voulaient demander l’asile en Grèce
Des exemplaires signés de documents obtenus par Amnesty International ont confirmé que les 14 et 15 octobre 2016, alors qu’ils se trouvaient au centre d’accueil et d’identification de l’île grecque de Leros, au moins huit des Syriens ont clairement indiqué leur volonté de solliciter une protection internationale en Grèce - requête ayant été complètement ignorée, ce qui est contraire au droit grec et international. Ils assurent ne pas avoir retiré leur requête ni demandé à être renvoyés volontairement en Turquie.
Ces réfugiés ont déclaré à Amnesty International qu’ils n’ont pu entretenir aucun contact avec l’extérieur, et qu’on ne leur a pas donné l’occasion de s’adresser à un avocat ni aux services du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés durant leur incarcération au poste de police de Leros, malgré plusieurs demandes en ce sens.
«Les autorités grecques, soutenues par Frontex, l’agence des frontières de l’UE, ont envoyé ces Syriens, y compris quatre jeunes enfants, en Turquie sans prendre en compte les risques qu’ils encourent sur place ni respecter leur droit à demander l’asile en Grèce», a déclaré John Dalhuisen.
«Ceci est dans le meilleur des cas une preuve d’incompétence, et dans le pire une tentative cynique des autorités, sous la pression croissante de l’Union européenne, visant à débarrasser le pays des réfugiés syriens par tous les moyens. Il convient d’ouvrir une enquête de toute urgence, d’autoriser ces réfugiés à revenir en Grèce, et d’envisager leur relocalisation dans d’autres États membres de l’UE.»