Les violences ont éclaté le 5 août 2012, lorsque plus d’un millier de personnes se sont rassemblées sur la place principale de Devecser, un village à l’ouest du pays. Elles ont manifesté à l’initiative du parti d’extrême droite Jobbik auquel s’étaient joints divers groupes d’autodéfense d’extrême droite.
Selon des témoins, plusieurs personnes ont scandé des slogans anti-roms et lancé des morceaux de béton et d’autres projectiles sur des maisons habitées par des Roms. La police n’est pas intervenue pour faire cesser ces violences et on ignore si elle a procédé à des arrestations.
Les autorités hongroises doivent mieux protéger les Roms installés dans le pays, a indiqué Amnesty International dans une lettre adressée au gouvernement mercredi 15 août 2012. «Les autorités hongroises sont tenues de protéger l’ensemble des citoyens et doivent donc diligenter une enquête approfondie, indépendante et rapide sur les allégations selon lesquelles la police n’aurait rien fait pour empêcher les violences commises à Devecser», a expliqué Jezerca Tigani, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
Les politiciens ont tenu des propos racistes
Selon les médias, Jobbik a appelé à défiler à la suite d’une «bagarre» qui avait opposé fin juillet des membres de deux familles, dont l’une appartient à la communauté rom et l’autre non.
Gábor Ferenczi, député de Jobbik ; László Toroczkai, du groupe d’autodéfense Soixante-quatre comtés ; et Attila László, de l’Association des gardes civils pour un avenir meilleur, ont pris la parole lors du rassemblement.
Des témoins ont déclaré que ces allocutions étaient toutes empreintes d’un sentiment anti-rom et que certaines appelaient même les Hongrois à combattre les «gitans parasites » et, indirectement, à les éliminer. Zsolt Tyirityán, du groupe Betyársereg («Armée hors-la-loi»), aurait tenu des propos ouvertement racistes.
«Les commentaires désobligeants ou racistes, en particulier ceux émanant de représentants de l’État ou de personnalités politiques, s’apparentent à une incitation à la haine raciale», a précisé Jezerca Tigani.
Des vidéos diffusées sur YouTube semblent confirmer que des blocs de béton et d’autres projectiles ont été lancés sur des maisons habitées par des Roms.
Lettre ouverte au gouvernement
Une militante a indiqué à Amnesty International qu’elle se trouvait dans la cour d’un de ces logements lorsque la foule a commencé à scander des slogans anti-roms et s’est mise à lancer des bouteilles, des pierres et des morceaux de béton. Blessée au bras par un de ces projectiles, elle a porté plainte auprès de la police.
Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’Intérieur et au responsable de la police nationale au sujet des violences de Devecser, trois ONG hongroises ont estimé que, «en ne dispersant pas les manifestants, la police n’avait pas fait respecter les droits des habitants du village à la liberté, à l’égalité et à la sécurité.»
L’Union hongroise des libertés civiles (TASZ), le Comité Helsinki de Hongrie et l’Institut Eötvös Károly (EKINT) ont ajouté que les discours de dirigeants d’extrême droite contenaient des appels à commettre des crimes et à restreindre les libertés d’autrui. Ils ont demandé l’ouverture d’une enquête pour négligence policière et souhaité que les conclusions de cette enquête soient rendues publiques.