Les nouvelles directives sur l'avortement en Irlande relèguent au second plan le bien-être des femmes et des jeunes filles. © Ásta Kristjánsdóttir
Les nouvelles directives sur l'avortement en Irlande relèguent au second plan le bien-être des femmes et des jeunes filles. © Ásta Kristjánsdóttir

Irlande De nouvelles directives sur l’avortement menacent la vie des femmes

19 septembre
Les dernières directives de l’Irlande sur l’avortement sont de la poudre aux yeux: les professionnels de santé n’y verront pas plus clair et la vie et les droits des femmes seront mis en danger, a déclaré Amnesty International.

«La seule chose que ces directives clarifient réellement, c’est la nature très restrictive et inapplicable de la loi existante, a déclaré Elisa Slattery, chercheuse sur les droits en matière de sexualité et de procréation à Amnesty International.

Une loi en désaccord avec les normes internationales

«Il est futile d’élaborer des directives pesantes pour mettre en œuvre une loi restrictive qui n’est pas en phase avec les normes internationales relatives aux droits humains. Les autorités ne peuvent se contenter de donner des directives sur une loi défaillante; nous avons besoin d’une approche complètement différente.»

Les lignes directives rendues publiques le 19 septembre 2014 par le ministère de la Santé sont destinées à garantir qu’une femme ou une jeune fille enceinte puisse avoir accès légalement à l’avortement lorsqu’il existe un «risque réel et substantiel» pour sa vie.

C’est la seule exception autorisée au titre de la Loi sur la protection de la vie pendant la grossesse, promulguée en Irlande en 2013.

Toutefois, loin de clarifier cette loi pour les professionnels de santé chargés de l’appliquer, les lignes directrices reflètent et exacerbent ses nombreuses lacunes.

Le bien-être des femmes relégué au second plan

Elles n’apportent aucune réponse à la question cruciale que pose la loi: comment les professionnels de santé vont-ils pouvoir évaluer avec précision qu’une grossesse présente un risque «réel et substantiel» pour la vie d’une femme ou d’une jeune fille?

«Ces lignes directrices relèguent au second plan le bien-être des femmes et des jeunes filles, a déclaré Colm O’Gorman, directeur exécutif d’Amnesty International Irlande.

«Elles demandent aux professionnels de santé de prendre une mesure équilibrée conforme à la Constitution lorsqu’ils décident si une femme répond aux critères pour se faire avorter.

Dépénalisation de l'avortement

«Plutôt que d’adopter des mesures fragmentaires qui offrent un accès illusoire à l’avortement pour sauver la vie d’une femme ou d’une jeune fille, l’Irlande doit dépénaliser entièrement l’avortement.»

La Loi sur la protection de la vie pendant la grossesse, et le cadre juridique irlandais sur l’avortement, ont à plusieurs reprises été condamnés pour non-conformité avec les normes internationales relatives aux droits humains sur l’avortement.

Critiques de l'ONU

Il y a peu, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a critiqué en termes virulents les lois irlandaises sur l’avortement.

Il s’est dit très inquiet du fait que la Loi sur la protection de la vie pendant la grossesse érige en infraction l’avortement, y compris en cas de viol, d’inceste, de malformation fœtale létale, ou quand la santé de la mère est gravement menacée.

Il a également fait part de ses préoccupations au sujet des dispositions qui prévoient une surveillance excessive des femmes et jeunes filles enceintes et de celles qui ont exprimé des pensées suicidaires, ce qui accroîtra leur détresse mentale.