En mai de cette année, le peuple irlandais a voté massivement en faveur de l'accès à l’interruption volontaire de grossesse, en se basant sur le droit des femmes et des filles à prendre elles-mêmes des décisions concernant leur grossesse et leur santé. L'adoption par le Parlement de ce nouveau projet de loi est une étape extrêmement importante et rendra légal l'accès à l’interruption de grossesse dans certaines circonstances en Irlande. Il reste cependant du pain sur la planche pour mettre la loi en conformité avec les normes internationales relative aux droits humains.
«Nous nous réjouissons de l'adoption de ce projet de loi et sommes pleinement conscients de l'importance de son entrée en force d'ici la fin de l'année. Les femmes ont attendu 35 ans pour cela, il est plus que temps que cessent les violations quotidiennes de leurs droits fondamentaux. Tout comme le gouvernement, nous voulons éviter que la loi n’empêche les femmes enceintes d'avoir accès aux soins de santé dont elles ont besoin ou qu'elle les retarde. Nous ne voulons pas que les femmes continuent de voyager ou à s’acheter des pilules abortives illégales en ligne. Ce n'est pas ce pour quoi les gens ont voté le 25 mai », a déclaré Colm O’Gorman, directeur exécutif d'Amnesty International Irlande.
«Nous savons, d'après les sondages qui ont suivi le vote de mai, que 62 % des gens ont voté en faveur de l’avortement parce qu'ils étaient d'accord avec le droit des femmes à un choix libre. Par ailleurs, plus de la moitié des votants ont considéré l'accès à l’interruption de grossesse comme une importante question de santé des femmes. La nouvelle législation sur l’interruption de grossesse garantira que la plupart des femmes pourront désormais accéder aux services en Irlande, ce qui constitue un grand pas en avant.»
«Mais au vu de la manière dont la loi est rédigée, nous avons de sérieuses inquiétudes quant à la persistance d'obstacles qui empêchent les femmes d'avoir accès à des soins en temps opportun. Et il y a des lacunes importantes, notamment la barre relativement élevée posée par un libellé peu précis qui parle «d’atteintes graves» à la santé des femmes, ou le manque d'accès à l’interruption de grossesse pour les cas de grossesses avec des déficiences graves – la loi ne mentionne que les déficiences mortelles –, les délais d'attente obligatoires et la criminalisation continue des professionnels de la santé.
«Nous avons demandé et obtenu l'inclusion d'une révision triennale de la loi, ce qui nous parait essentiel pour une mise en œuvre conforme aux droits humains. Mais il y existe des lacunes importantes dans le texte accepté qui ne pourront pas attendre trois ans avant d’être corrigées. Amnesty International demande au ministre de la Santé de s'engager à apporter d'autres modifications à la loi dès l’an prochain pour supprimer les obstacles à un libre accès à l’interruption de grossesse» a déclaré Colm O'Gorman.