Le 14 mars, un tribunal a ordonné le placement en détention provisoire de Janbolat Mamaï pour une période de deux mois, dans l’attente des résultats d’une enquête pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique et diffusion de fausses informations. Amnesty International estime que ces poursuites sont motivées par des considérations politiques; par conséquent, Janbolat Mamaï doit être immédiatement remis en liberté et les charges à son encontre doivent être abandonnées.
En 2019, Janbolat Mamaï a fondé le Parti démocratique du Kazakhstan et en a pris la direction. En 2020, ce parti d’opposition, malgré de nombreuses démarches en ce sens, n’a pas réussi à se faire enregistrer auprès des autorités. En février 2020, à l’approche des élections législatives de 2021, la police a arrêté trois responsables et plus de 100 aspirant·e·x·s délégué·e·x·s du congrès fondateur du parti, bloquant ainsi la procédure d’enregistrement.
Manifestations pacifiques
Le 4 janvier 2022, pour protester contre une très forte hausse du prix du carburant, des milliers de personnes sont descendues dans la rue au Kazakhstan. Le mécontentement économique initial a rapidement été suivi de revendications plus vastes, la population dénonçant la corruption, le marasme politique et les injustices croissantes. Les autorités ont réagi par une attitude hostile envers les manifestant·e·x·s, prenant pour cible et réduisant au silence journalistes et activistes et réprimant la liberté d’expression ainsi que la diffusion d’informations indépendantes.
Janbolat Mamaï et d’autres membres du Parti démocratique du Kazakhstan ont participé aux manifestations pacifiques des 4 et 5 janvier. Le 13 février, Janbolat Mamaï a organisé une veillée publique pacifique à Almaty, à la mémoire des personnes tuées lors des violences qui avaient secoué le pays en janvier. Il a été arrêté le 25 février et condamné à 15 jours de « détention administrative » pour organisation d’un rassemblement « non autorisé » ou participation à un tel rassemblement. Il devait être libéré le 12 mars, mais il a été maintenu en détention et inculpé.
Dénoncer la politique gouvernementale
Les charges retenues contre Janbolat Mamaï le 14 mars concernent deux événements distincts survenus en 2021. Le chef d’outrage à personne dépositaire de l’autorité publique est lié à des propos que Janbolat Mamaï aurait tenus le 18 septembre 2021 à des policiers, qui l’empêchaient de participer à une manifestation publique organisée à son initiative pour dénoncer la politique gouvernementale relative à l’utilisation des données en ligne des citoyen·ne·x·s.
Le chef de diffusion de fausses informations renvoie à une vidéo YouTube que Janbolat Mamaï a réalisée en octobre 2021, pour expliquer aux personnes endettées comment obtenir de l’aide auprès de sociétés de crédit en vue de sortir de l’endettement. À la suite de la mise en ligne de la vidéo, environ 8’000 demandes d’aide ont été adressées aux sociétés de crédit. L’assimilation du contenu de la vidéo à de fausses informations par le ministère public a été contredite dans un rapport établi par un expert judiciaire. Pourtant, les charges n’ont pas été abandonnées.