Mardi 9 juillet, le gouvernement a fait savoir qu’il étudiait «toutes les solutions» pour faire face à l’afflux récent d’étrangers sur l’île. Le même jour dans la matinée, 102 ressortissants somaliens, dont des femmes et des enfants en bas âge, étaient arrivée sur l’île après avoir été secourus par les forces armées maltaises, d’après les données du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’arrivée cinq jours auparavant d’un autre groupe de 291 personnes, dont 282 Érythréens (toujours d’après les chiffres du HCR), avait amené le gouvernement à déclarer qu'il envisageait de refouler des bateaux, c'est-à-dire de les intercepter avant qu'ils n’atteignent le rivage et de renvoyer leurs passagers vers leur lieu d’embarquement. Les Somaliens du sud et du centre de la Somalie et les Érythréens peuvent généralement prétendre à une protection internationale en tant que réfugiés, ou à d’autres mesures de protection supplémentaires.
Centres de détention hermétiques
Les représentants du HCR à Malte ont pu entrer en contact avec environ la moitié des personnes débarquées le 9 juillet, peu après leur arrivée. Cependant, dans l’après-midi, ils n’avaient toujours pas eu accès au reste du groupe, incarcéré dans des centres de détention de la police. Conformément aux obligations incombant à Malte au titre de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et de son Protocole de 1967, un accord entre le gouvernement et le HCR ainsi que la législation maltaise en matière de réfugiés et d’immigration disposent que le personnel du HCR doit pouvoir librement entrer en contact avec les réfugiés et toute personne relevant de la compétence du HCR.
Vers des expulsions collectives?
Amnesty International est préoccupée par le fait que le gouvernement a déclaré envisager «toutes les solutions», laissant entendre qu’il n’excluait pas de mener des expulsions collectives. De telles pratiques seraient contraires à l'article 4 du Protocole n° 4 à la Convention européenne des droits de l’homme, ratifié par Malte, et violeraient en outre le principe de non-refoulement. Ces préoccupations sont d’autant plus fortes que, selon certaines informations, le gouvernement avait affrété deux avions de la compagnie Air Malta pour renvoyer la nuit même vers la Lybie une partie des Somaliens arrivés à Malte le 9 juillet (45 d’entre eux, selon les chiffres des médias). Ces informations avaient amené les avocats à demander à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de prendre des mesures provisoires pour empêcher les expulsions.
Dans l’après-midi du 9 juillet, la CEDH a accédé à la demande des avocats et enjoint Malte de ne pas renvoyer les réfugiés vers la Lybie tant que leurs dossiers n’auraient pas fait l’objet d’une évaluation en bonne et due forme. Si le gouvernement a déclaré qu’il respecterait les mesures provisoires et ses obligations internationales, il a répété que toutes les solutions étaient examinées, cherchant ainsi à attirer l’attention des institutions de l’Union européenne sur le «fardeau» que Malte doit assumer sans recevoir une aide suffisante de la communauté internationale.