Mouhammad Bekjanov a passé 17 années derrière les barreaux. Sa peine de prison, prononcée à l'issue d'un procès inique entaché d'actes de torture, a été prolongée de manière arbitraire. © DR
Mouhammad Bekjanov a passé 17 années derrière les barreaux. Sa peine de prison, prononcée à l'issue d'un procès inique entaché d'actes de torture, a été prolongée de manière arbitraire. © DR

Ouzbékistan Après 17 ans passés derrière les barreaux, Mouhammad Bekjanov est libre

22 février 2017
Le journaliste ouzbek Mouhammad Bekjanov a été libéré le 22 février après avoir passé 17 années en prison, a appris Amnesty International de ses partenaires en Ouzbékistan.

«Mouhammad Bekjanov a passé 17 longues années derrière les barreaux. Sa peine de prison, prononcée à l'issue d'un procès inique entaché d'actes de torture, a été prolongée de manière arbitraire, les autorités n'ayant pas pardonné à Mouhammad Bekjanov son militantisme politique. Au moment de sa libération, il figurait parmi les journalistes emprisonnés depuis le plus longtemps au monde», a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l'Europe et l'Asie centrale à Amnesty International.

Mouhammad Bekjanov a été arrêté en 1999 après avoir été accusé d'implication dans une série d'attentats terroristes commis à Tachkent en février de la même année. Cependant, il avait été soumis par les autorités à des actes de harcèlement, au motif qu'il était rédacteur en chef du journal interdit Erk (Liberté) et qu'il était le frère de Mouhammad Salih, dirigeant du Mouvement populaire d'Ouzbékistan, parti d'opposition.

Torture et mauvais traitements

Mouhammad Bekjanov a subi la torture et les mauvais traitements en détention ; il a notamment été frappé à coups de matraque en caoutchouc, asphyxié et soumis à des décharges électriques. Il a été contraint de témoigner contre lui-même concernant des «crimes contre l’État». Le tribunal n'a pas mis en doute la nature de ses «aveux» et n'a pas pris en compte ses allégations de torture. En août 1999, il a été condamné à 15 ans de réclusion.

En 2003, sa condamnation a été réduite de presque quatre ans au titre d'une amnistie. Toutefois, en décembre 2011, trois mois avant sa libération, Mouhammad Bekjanov a été condamné à cinq années supplémentaires – cette fois-ci pour «désobéissance aux ordres légitimes de l’administration des établissements pénitentiaires». En décembre 2016, les espoirs de sa famille de le voir bientôt libéré ont été assombris par l'annonce de son placement à l'isolement par l'administration pénitentiaire. D'après l’expérience de Mouhammad Bekjanov, et celle de nombreux prisonniers en Ouzbékistan, il est courant que les autorités recourent à cette mesure disciplinaire avant de prolonger une peine d'emprisonnement de manière arbitraire. Cette fois-ci, ces craintes ne se sont pas concrétisées.

Enquête nécessaire

«Tout en saluant la libération de Mouhammad Bekjanov, nous continuons de réclamer justice et de demander la tenue d'une enquête sur ses allégations de torture. Les responsables présumés de ces actes doivent être traduits en justice», a déclaré Denis Krivosheev.

Amnesty International n'a pas encore pu communiquer directement avec Mouhammad Bekjanov depuis sa remise en liberté.