Pologne Arrêt historique de la CEDH sur l'avortement

1 novembre 2012
Dans un arrêt historique, la CEDH a estimé que la Pologne avait bafoué les droits d’une jeune fille de 14 ans, tombée enceinte à la suite d’un viol. Les autorités polonaises doivent à présent prendre sans délai des mesures visant à garantir que les femmes aient pleinement accès aux services de santé en matière de sexualité et de procréation.

Le cas devant la CEDH concernant une jeune fille, nommée «P.» dans le dossier, qui n’a pas pu avoir accès à des services d’avortement sûrs et légaux, en raison d’actes de harcèlement et d’intimidation imputables à des employés de l’hôpital et à des policiers notamment. Elle a ensuite été placée dans un foyer pour mineurs, où elle était coupée de sa famille et de tout contact.

Dans son arrêt, susceptible de faire l’objet d’un appel, la CEDH a conclu qu’en ne permettant pas à P. d’accéder légalement à un avortement et en divulguant des données personnelles la concernant, la Pologne avait violé l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme. De plus, la Cour a considéré que la vulnérabilité et le jeune âge de P. n’ont pas été dûment pris en compte. Elle a été traitée par les autorités de manière déplorable et sa souffrance a atteint le seuil minimum de gravité prévu par l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Un espoir pour toutes les femmes en Pologne

«À travers sa décision, la CEDH reconnaît que la Pologne a terriblement manqué à ses obligations envers cette jeune victime de viol. Les autorités polonaises doivent s’efforcer de garantir que toutes les femmes aient accès à des services d’interruption de grossesse en toute sécurité, comme le prévoit la loi», a indiqué Marek Marczyñski, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

«Si la décision de la CEDH est pleinement mise en œuvre, les femmes en Pologne n’auront plus à se tourner vers des avortements clandestins et dangereux».

La Pologne doit verser 30 000 euros à la victime et 15 000 euros à sa mère pour dommage moral, ainsi que 16 000 euros aux deux requérantes pour frais et dépens.