Russie Russie: Journée sombre pour la liberté d'expression

13 juin 2013
En une journée, la liberté d'expression s'est encore réduite en Russie. La Douma à Moscou a adopté deux nouveaux projets de loi visant à empêcher l'expression d'opinions minoritaires: l’une en matière de religion, l’autre en matière d’orientation sexuelle.

130613_russie_square.jpg © AP Photo/Misha Japaridze

À quelques heures d'intervalle, la chambre basse du Parlement national a adopté des projets de loi destinés à sanctionner pénalement le blasphème, et à interdire les activités militantes des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées (LGBTI). Ces mesures vont sans doute être approuvées prochainement par la chambre haute du Parlement et promulguées par le président Vladimir Poutine.

«La Douma a réussi à adopter en une journée deux projets de loi qui démontrent un rétrécissement de la liberté d'expression en Russie. Le gouvernement tente par là de renforcer sa popularité auprès des franges réactionnaires de la société russe», a souligné John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale à Amnesty International.

Les autorités russes s’immisce dans la vie privée des gens

Le premier projet de loi vise à modifier l'article du Code pénal russe relatif à l'«obstruction au droit à la liberté de conscience et de religion». Il prévoit jusqu'à trois ans d'emprisonnement pour «agissements publics exprimant un manque de respect manifeste à l'égard de la société et visant à insulter les sentiments religieux de croyants» si ces actes sont commis dans des lieux de culte. Cette offensive contre la liberté d'expression intervient à la suite du procès et de la condamnation de trois membres du groupe punk russe féminin Pussy Riot pour «hooliganisme fondé sur la haine religieuse». Le groupe avait chanté une chanson protestataire dans la plus grande cathédrale orthodoxe de Moscou.

Le deuxième projet de loi approuvé par la Douma aujourd'hui vise à infliger des amendes exorbitantes à ceux qui font de la «propagande pour les relations sexuelles non traditionnelles» auprès des enfants. Les peines encourues vont jusqu'à 5 000 roubles (150 dollars) pour les simples citoyens, jusqu'à dix fois cette somme pour les fonctionnaires et jusqu'à un million de roubles (plus de 30'000 dollars) pour les organisations.

Avant la tenue du vote, plus d'une vingtaine de militants pour les droits des LGBTI ont mené une «manifestation de baisers» devant la Douma. Selon les médias, 20 d'entre eux au moins ont été arrêtés par la police après avoir subi des violences infligées par des contre-manifestants.

«Ces projets de loi reflètent la détermination des autorités russes à dicter aux gens ce qu'ils peuvent dire ou non dans tous les domaines de la vie, pour les questions politiques comme pour les questions sociales. C'est un pas en arrière qui doit sonner l'alerte», a poursuivi John Dalhuisen.