Plus de 30 manifestants pacifiques ont été arrêtés à Moscou. © Evgeniy Feldmann
Plus de 30 manifestants pacifiques ont été arrêtés à Moscou. © Evgeniy Feldmann

Russie Quand les victimes sont arrêtées

28 mai 2013
La marche des fiertés de Moscou a vu l’arrestation d’au moins 30 manifestants. Une aberration, compte tenu de la nature pacifique de l’évènement. Par ailleurs, des contre-manifestants qui auraient usé de violence ne sont pas inquiétés par la police.

Des militants LGBTI ont manifesté à Moscou contre des lois homophobes, notamment contre un projet de loi fédérale interdisant la «propagande de l'homosexualité», et contre la discrimination et la violence persistantes contre les LGBTI dans le pays. Dans trois endroits de la capitale, les événements ont été marqués par des violences physiques et des brutalités envers les manifestants, pourtant pacifiques. Un militant a été roué de coups par un groupe de contre-manifestants et aspergé de gaz poivre avant que la police n’intervienne… et n'arrête le militant.

«Au lieu d'arrêter des manifestants pacifiques, les autorités russes devraient les protéger des attaques extrémistes, a déclaré David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International. Si les autorités ne prennent aucune mesure pour protéger les personnes LGBTI, et si les auteurs d'agressions violentes contre ces personnes continuent de bénéficier de l'impunité, certains pourraient penser que l'État autorise la violence et la discrimination.»

La justice reste sourde aux revendications des manifestants

De telles manifestations de violence visant ces militants sont désormais fréquentes, tout comme le fait que la police ne respecte pas leur obligation d'enquêter sur ces agressions et de traduire les responsables en justice. Les militants ont tenté de contester ces refus devant les juridictions appropriées mais les tribunaux ont maintenu les interdictions, en dépit d'un arrêt rendu peu de temps auparavant par la Cour européenne des droits de l'homme concernant les marches des fiertés en Russie. Dans cet arrêt, la Cour considérait qu'il y avait violation des droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'expression, ainsi que de l'interdiction de discrimination.

Le fait de ne pas protéger les militants face à des agressions violentes menées par des contre-manifestants et de ne pas engager de poursuites judiciaires contre les responsables de violences envers des personnes LGBTI va à l'encontre des obligations de la Russie au regard du droit international relatif aux droits humains. «Des enquêtes devraient être ouvertes rapidement sur les agressions dont ces militants ont été victimes, de même que sur le fondement juridique des arrestations de manifestants pacifiques auxquelles a procédé la police», a affirmé David Diaz-Jogeix.

Ces agressions s'inscrivent dans un contexte de violences persistantes dirigées contre les personnes LGBTI. Des meurtres perpétrés récemment à Volgograd et des agressions commises à Irkoutsk auraient eux aussi pour motif l'homophobie.