Six ans après la mort de Natalia Estemirova, défenseuse des droits humains, son meurtre n’est toujours pas éclairci et les responsables restent impunis. La militante a été kidnappée, le 15 juillet 2009 à Grozny, capital de la Tchéchénie, alors qu’elle travaillait pour l’ONG russe Memorial. Son corps a été retrouvé quelques heures plus tard sur une route en République d’Ingouchie.
Le sort de Natalia Estemirova illustre bien le danger que courent les défenseuses et défenseurs des droits humains en Russie, en raison de leurs activités, plus particulièrement, celles et ceux qui, comme Estemirova, travaillent sur les nombreux cas de violations des droits humains dans le Caucase du Nord.
Diffamation et agressions
Suite à l’assassinat de Natalia Estemirova et afin de réduire les risques pour les défenseuses et défenseurs des droits humains, le comité d’une ONG contre la torture a lancé le Joint Mobile Group (JMG). Le réseau rassemble plusieurs organisations des droits humains qui documentent, en équipe, les violations des droits humains en Tchétchénie et soutiennent les victimes.
Depuis sa création, le réseau des défenseuses et défenseurs des droits humains JMG subit régulièrement diffamations, harcèlements et agressions. Le président de la République tchétchène du Caucase du Nord, Kadyrow, a notamment accusé le responsable du JMG de collaborer avec des « terroristes ». En décembre 2014 et juin 2015, le bureau de JMG à Grozny a même été attaqué. La police n’est pas intervenue et les agresseurs se sont volatilisés.
«Si le Kremlin ferme les yeux sur ces crimes et laisse les meurtriers de défenseuses et défenseurs des droits humains impunis, il porte la responsabilité d’un climat de violence et encourage de nouvelles exactions», explique Peter Franck, spécialiste de la Russie pour la Section allemande d’Amnesty International. «Nous appelons les autorités russes à mettre un terme à l’impunité et à assurer une protection efficace des défenseurs des droits humains».