Le 18 février, le tribunal du district d’Oktiabrski, à Rostov-sur-le-Don (sud de la Russie), a déclaré la prisonnière d’opinion Anastasia Chevtchenko, ancienne coordinatrice du mouvement civique Open Russia, coupable en vertu de l’article 284.1 du Code pénal russe («conduite des activités d’une organisation indésirable») et l’a condamnée à une peine de quatre ans d’emprisonnement avec sursis.
Anastasia Chevtchenko a été la première personne poursuivie en justice en Russie au titre de la loi sur les «organisations indésirables» qui est entrée en vigueur en mai 2015. Cette loi octroie au gouvernement le pouvoir d’interdire les activités d’organisations non gouvernementales (ONG) étrangères ou internationales en Russie pour des motifs liés à la sécurité définis en termes vagues et sans aucun contrôle judiciaire, et d’ériger en infraction tout lien, aussi ténu soit-il, avec ces organisations. Cette loi a été utilisée pour interdire le mouvement Open Russia, qui a été fondé par l’opposant et ancien prisonnier d’opinion en exil Mikhaïl Khodorkovski, ainsi que 30 autres organisations étrangères.
«Avec ce verdict, la justice russe donne un nouvel exemple contre la société civile.» Lisa Salza, responsable pays pour l’Europe et l’Asie centrale à Amnesty Suisse
«La condamnation de Chevtchenko est une nouvelle indication de l’ampleur de la répression en Russie. Après une série de nouvelles initiatives législatives visant à restreindre l'engagement de la société civile, un verdict clairement motivé par des raisons politiques contre l’éminent détracteur du gouvernement Alexeï Navalny et l'arrestation de milliers de manifestant·e·s pacifiques, la justice russe donne un nouvel exemple contre la société civile avec ce verdict», a déclaré Lisa Salza, responsable pays pour l’Europe et l’Asie centrale à Amnesty Suisse.
À l'occasion de la réunion des ministres des affaires étrangères de l'UE, Amnesty International a préparé un briefing sur la situation des droits humains en Russie, dans lequel les dernières mesures répressives sont expliquées en détail.
Plus de 8000 personnes en Suisse appellent à la libération de Navalny
Avant l'audience en appel d'Alexeï Navalny le 20 février, Amnesty International a présenté vendredi une pétition demandant la libération inconditionnelle de l’activiste politique. La section suisse a soumis 8335 signatures de la Suisse à l'ambassadeur russe Sergei Garmonin.
Amnesty exige de la Suisse «qu'elle s'oppose résolument à la nouvelle violation des engagements que la Russie a notamment contractés dans le cadre de son adhésion au Conseil de l'Europe. La Suisse devrait se tenir aux côtés de la société civile engagée pacifiquement, en appliquant les lignes directrices pour la protection des femmes défenseures des droits humains, et également rendre public son engagement en faveur des défenseur·e·s des droits humains», a déclaré Lisa Salza.