Des enfants roms dans une classe spéciale pour les élèves avec un «léger retard mental» dans l'école primaire de Krivany, en Slovaquie, Avril 2010. © AI
Des enfants roms dans une classe spéciale pour les élèves avec un «léger retard mental» dans l'école primaire de Krivany, en Slovaquie, Avril 2010. © AI

Slovaquie Mettre fin à la marginalisation des enfants roms à l'école

juin 2011
En Slovaquie, des milliers d’enfants roms sont encore toujours envoyés dans des écoles spéciales où l’enseignement est inférieur à la normale. Les raisons en sont une discrimination largement répandue et un système éducatif excluant invariablement les enfants roms de l’enseignement ordinaire, en fonction de critères ethniques.

Des préjugés tenaces envers les Roms au sein du système éducatif slovaque ont conduit à cantonner de nombreux enfants roms, dès la maternelle, dans des classes séparées ou des écoles spéciales. Il arrive même souvent que les cours de récréation soient elles aussi séparées afin d’éviter le contact avec les enfants roms.

La marginalisation des enfants roms a plusieurs aspects; dans quelques districts de Slovaquie, ces enfants vont dans des écoles ou classes où règne la séparation ethnique et où l’enseignement dispensé est souvent inférieur à la normale.

Dans certaines régions à forte densité de population rom, trois sur quatre élèves vont dans des écoles spéciales ou des classes destinées aux enfants atteints d’un handicap mental ou ayant des difficultés d’apprentissage. Alors que les Roms représentent moins que 10% de l’ensemble de la population slovaque, environ 85% des enfants roms sont placés dans des écoles ou classes spéciales.

La discrimination envers les Roms et leur marginalisation au sein du système éducatif les empêchent de participer pleinement à la vie sociale et les enferment dans un cercle vicieux de pauvreté et d’exclusion.

La loi slovaque sur les écoles de 2008 interdit toute forme de discrimination, en particulier la marginalisation des minorités ethniques. Cependant, cette loi ne définit pas précisément la marginalisation et ne stipule pas des mesures et directives concrètes susceptibles de faciliter la tâche des fonctionnaires de l’éducation en matière de surveillance et d’endiguer les discriminations.

L’an passé, en août, le gouvernement slovaque a inscrit dans son programme de quatre ans l’obligation de mettre fin à la marginalisation des enfants roms au sein du système éducatif. Amnesty International est cependant préoccupée par le fait que le Président de la Slovaquie n’a toujours pas clairement déclaré, sans équivoque, que la discrimination et la marginalisation des Roms ne peuvent être tolérées et que la tâche prioritaire est de combattre ces situations iniques. Une année après le changement de gouvernement, aucune mesure concrète contre la marginalisation n’a été élaborée, fait également très préoccupant.

Dans l’Europe du 21ème siècle, la marginalisation des minorités n’a pas droit de cité. Un énorme travail attend encore le gouvernement slovaque s’il veut mettre fin aux pratiques discriminatoires envers les Roms. Les enfants roms sont stigmatisés pour le restant de leur vie par leur exclusion du système éducatif classique et leurs perspectives d’avenir sont ainsi grandement altérées. L’attitude du gouvernement va influer sur la vie de milliers d’enfants roms.