Un demi-siècle plus tard, tout n'est bien sûr pas parfait: le continent traverse une crise économique, certains craignent de perdre leur emploi ou l’ont déjà perdu. L'avenir paraît parfois incertain. Mais nous avons gagné quelque chose d'une valeur inestimable: les droits humains de chaque individu sont garantis, et dépassent la raison d'Etat. Les nations du continent sont liées par des valeurs communes: les droits humains.
Une Europe nouvelle
Après le traumatisme de la guerre, l'exigence d'un monde nouveau, basé sur des valeurs et des droits qui nous rassemblent, s'est fait ressentir. En 1948, les cinquante-six Etats membre de la toute jeune Assemblée des Nations unies ont adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui vise les êtres humains du monde entier.
Peu après, les pays du continent européen réconciliés se sont rassemblés dans une institution commune. Le Conseil de l'Europe voit le jour en 1949. Là aussi, l'objectif est de protéger les droits des individus pour éviter que se reproduisent les horreurs de la guerre.
Le Conseil de l'Europe s'inspire de la Déclaration universelle des droits de l'homme pour créer sa propre charte. Les représentants de treize pays signent à Rome la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) en 1954. «Le Conseil de l’Europe a voulu affirmer que l’objectif ultime de la communauté internationale ne peut être autre que l’épanouissement de la personne humaine , dans la paix et par la coopération des Etats», déclare Léon Marchal, secrétaire général du Conseil de l'Europe lors de son inauguration.
La justice avant l'intérêt de l'Etat
Signer une Convention suffit-il à protéger les droits des individus? Ce n'est pas l'avis du Conseil de l'Europe. Pour obliger les Etats à les respecter, il crée un instrument fort qui les oblige à se plier devant la justice: la Cour européenne des droits de l'homme voit le jour en 1959. Aujourd'hui, plus de 800 millions de citoyens de 47 pays du continent européen peuvent y recourir, une fois les voies de recours nationales épuisées. La Suisse a ratifié la CEDH en 1974.
A Strasbourg où la Cour a son siège, le temps de parole de l’individu lésé et de l’Etat accusé est strictement le même. Si la Cour donne raison à l’individu, le pays a l’obligation d’appliquer le jugement. Dans les tribunaux nationaux, la CEDH sert de référence pour une meilleure protection des droits humains. C’est également vrai pour la Suisse! La justice est désormais du côté des individus.