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La CEDH célèbre son anniversaire – d’éminentes voix appellent à sa protection

Communiqué de presse publié le 4 novembre 2018, Berne. Contact du service de presse
La Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) a été signée le 4 novembre 1950. Elle nous protège notamment contre les discriminations, garantit le droit à un procès équitable ou interdit la peine de mort: aucun traité n’est aussi important pour les droits humains en Europe. Aujourd'hui, la CEDH est plus que jamais sous pression. Les experts internationaux s’inquiètent des attaques croissantes contre la Cour des droits de l'homme de Strasbourg et contre les conséquences de l'initiative dite « pour l’autodétermination ».

«Lorsque des gouvernements autoritaires restreignent les droits et libertés de leur population, la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) s’érige comme le dernier rempart et comme la ligne rouge qui ne saurait être franchie sans de graves conséquences. Lorsque l’état de droit s’effondre, lorsque les tribunaux sont soumis aux pressions politiques, la Cour européenne des droits de l'homme constitue pour de nombreuses personnes la dernière possibilité de faire valoir leurs droits», a déclaré Manon Schick, directrice d'Amnesty International Suisse.

«Il n’y a pas que l’acceptation de l’initiative de l’UDC qui puisse avoir des conséquences fatales pour la protection des droits humains en Suisse. Le simple lancement de cette initiative peut déjà servir d’argument à d’autres États pour attaquer les institutions des droits humains et les droits humains en tant que tels, l’initiative dite 'le droit suisse au lieu des juges étrangers' envoie un signal dangereux à des États comme la Russie et la Turquie, dont les décisions entrent souvent en conflit avec la CEDH. Bon nombre d’observateurs et d’observatrices se tournent avec inquiétude vers la Suisse et réalisent que notre pays pourrait gravement mettre à mal la protection des droits humains en Europe», a ajouté Manon Schick.

Amnesty International a interrogé plusieurs personnalités éminentes à propos de l'importance de la CEDH et de la prochaine votation en Suisse. Une sélection:

Zeid Raad Al-Hussein, ancien Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme :

«La Suisse est connue dans le monde entier pour sa défense du droit international. On identifie d’ailleurs presque le droit international à ce pays. Si la Suisse lance une attaque contre les droits fondamentaux, la réputation du pays en souffrira énormément… cela serait vraiment mauvais pour l’image de l’état de droit du pays.»

Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et professeur de droit international à l'Université de Glasgow:

«L'initiative populaire 'Le droit suisse au lieu des juges étrangers' promet la démocratie directe, l'autodétermination, la souveraineté et un état de droit. En réalité, cependant, elle vend à l'électorat la gouvernance automatique, le renoncement volontaire, l'isolement et l’insécurité juridique. Un vrai loup sous une peau de mouton!»

Manfred Nowak, professeur de droit international et de droits de l'homme à l'Université de Vienne :

«La Convention européenne est la Magna Carta des droits humains en Europe et la Cour de Strasbourg est la cour des droits humains la plus efficace au monde. Ces réalisations d'une norme minimale et uniforme pour les droits humains en Europe ainsi que le contrôle judiciaire qui y est associé ne doivent pas être remis en cause de manière inconsidérée.»

Sergei Nikitin, ancien directeur d'Amnesty Russie :

«Mon pays a peu de respect pour les droits humains. Le Kremlin n'utilise ce terme que s'il peut en tirer des avantages, notamment pour condamner l'Occident. La majorité des Russes comprennent à peine ce que sont les droits humains. La plupart des gens ignorent les violations des droits humains, ou même justifient ces violations en se basant sur la propagande de l'État. Nous espérons que la Suisse, célèbre pour sa neutralité et sa démocratie directe, enverra un signal clair lors de la votation populaire en faveur de la défense de la CEDH et des droits humains en Europe.»

Rachel Logan, Amnesty Grande-Bretagne, responsable du département droit et droit humains :

«Jamais plus les horreurs de la Seconde Guerre mondiale ne doivent se répéter – c'était la promesse de la Convention européenne des droits de l'homme. Cet acquis est aujourd'hui menacé. La Convention européenne est dénigrée par une partie de l'élite politique en Grande-Bretagne, qui la traite « d’outil pour les terroristes et les criminels. » Pourtant, la Convention garantit la protection de chaque citoyenne et de chaque citoyen en Europe. Le non-respect ou la dénonciation de la CEDH représenteraient un mauvais signal en direction des États de non-droit.»

Autres déclarations et photos

 

La campagne d'Amnesty International

Ces trois prochaines semaines, Amnesty International mobilise des milliers de militant·e·s jusqu’à la votation du 25 novembre. L’organisation participe également à la marche pour les droits humains à Berne, qui reliera la plaine du Grütli à la Place fédérale du 4 au 10 novembre. Plus d’informations.

Une coalition d’une centaine d’organisations regroupées sous le nom d’Alliance de la société civile, dont fait partie Amnesty International, organise une journée nationale d'action le 10 novembre 2018 qui aura lieu dans toutes les rues de Suisse afin d’appeler à voter « NON » à l’initiative dite « pour l’autodétermination ». Plus d’informations.

Les membres d’Amnesty International ont déjà tenu une cinquantaine de stands d’actions et organisé une trentaine d'événements sur ce thème en Suisse. Toutes les informations ainsi qu’une carte de la Suisse annonçant tous les événements de la campagne est disponible ici.