Des améliorations sont exigées de la Suisse en matière de lutte contre le racisme, notamment. © ZVG
Des améliorations sont exigées de la Suisse en matière de lutte contre le racisme, notamment. © ZVG

Examen périodique universel sur la Suisse La Suisse dans le collimateur du Conseil des droits de l’homme

La Suisse a dû répondre de sa politique en matière de droits humains lors de l’Examen périodique universel, qui s’est déroulé le 8 mai dernier au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. La coalition des ONG, qui s'est formée pour l'occasion et dont fait partie Amnesty International, salue le dialogue constructif et estime qu’il a permis de mettre le doigt sur les principaux déficits et problèmes en matière de droits humains en Suisse. Une grande unanimité s’est faite autour du besoin impératif que la Suisse se dote d’une véritable institution nationale des droits humains conforme aux recommandations des Nations unies.

De très nombreux pays ont exprimés leurs vives inquiétudes sur la politique migratoire, les discriminations raciales et les relents xénophobes de certaines campagnes politiques et ont vivement encouragé la Suisse à respecter ses engagements internationaux. La coalition des ONG fera en sorte que ces recommandations soient prises au sérieux par les autorités fédérales et suivies d’effet.

La Coalition des ONG est globalement satisfaite de l’issue du dialogue et salue en particulier les recommandations concrètes qui ont été adressées à la Suisse par un nombre important d’Etats. Plusieurs Etats ont salué l’engagement de la Suisse au sein du système des droits humains  des Nations unies, mais vivement encouragé la Suisse à mettre sur pied, dans les meilleurs délais, une véritable institution nationale des droits humains, ainsi que des plans d’action nationaux pour garantir une bonne mise en œuvre des conventions ratifiées.

La politique suisse en matière d’asile et des étrangers a en revanche suscité de nombreuses réactions critiques. A plusieurs reprises, la Suisse a notamment été interpellée sur le traitement réservé dans ce cadre aux femmes et aux enfants migrants. Les discriminations raciales ont également été au centre des préoccupations d’un grand nombre d’Etats, qui ont notamment demandé à la Suisse d’introduire une loi fédérale permettant de lutter contre toute forme de discrimination et de renforcer les mesures existantes pour lutter plus efficacement contre le racisme.

Finalement, l’initiative sur les naturalisations sur laquelle le peuple suisse se prononcera le 1er juin prochain a également soulevé de nombreuses inquiétudes, en particulier le caractère arbitraire de l’attribution de la nationalité qu’elle favoriserait, de même que la campagne à caractère xénophobe qu’elle suscite dans les rues du pays.

Les organisations de défense des droits humains déplorent toutefois la position de la Suisse sur les droits économiques, sociaux et culturels qu’elle a qualifiés de «droits qui ne sont pas applicables aux individus».  L’approche «à la carte» de ces droits que prône la Suisse est un signe très négatif pour la protection des droits humains en général et pourrait ouvre une brèche dangereuse dans ce domaine.

La coalition des ONG s’est formée en novembre 2007 dans le but d’élaborer un rapport commun pour le Haut-commissariat aux droits de l’homme. A ce jour, plus de trente ONG actives dans le domaine des droits fondamentaux en Suisse ont rejoint la Coalition, dont la Section suisse d'Amnesty International.