L’Office fédéral des migrations (ODM) a rejeté le 10 novembre la demande d’asile introduite par trois détenus qui croupissent depuis 2002 dans le camp de Guantánamo. Le Etats-Unis sont depuis longtemps disposés à libérer ces trois hommes originaires d’Algérie, de Chine et de Libye. Leur avocat en Suisse, Me Dominik Heinzer, envisage d’introduire, avec le soutien d’Amnesty International, un recours contre ces décisions auprès du Tribunal administratif fédéral. Bien qu’il refuse d’accorder l’asile à ces trois personnes, l’ODM reconnaît qu’il existe, dans les trois cas des risques de persécutions relevant en matière d’asile en cas de retour dans leurs pays d’origine. Simultanément, l’ODM reproche aux requérants d’être trop proche des milieux terroristes. « L’office fédéral des migrations s’appuie exclusivement sur des sources d’informations peu crédibles et difficilement compatibles avec l’État de droit. Elles émanent des autorités militaires américaines et de celles du pays d’origine. Ces accusations sont sans fondement. Elles n’ont en aucun cas mené à une accusation pour actes de terrorisme qui aurait pu ouvrir la porte à une procédure judiciaire » a déclaré Dominik Heinzer.
Contrairement aux allégations de l’ODM, les trois hommes ont besoin de la protection de la Suisse parce que les Etats-Unis menacent de les renvoyer dans leur pays d’origine. Les derniers développements dans le cas libyen montrent clairement que les autorités étasuniennes veulent le renvoyer dans sa patrie malgré le fait qu’il y risque la torture. « Les autorités essaient en ce moment et pour la troisième fois de renvoyer Abdul Ra’uf al Quassim en Libye contre son gré. Il est a craindre qu’en cas de retour, il ne disparaisse dans une prison et soit torturé. Sa survie dépend de la bonne volonté d’un pays tiers sûr comme la Suisse » a déclaré son avocate Gitanjali Guttierrez du « Center for Constitutional Rights ».
Doris Tennant et Ellen Lubell, deux avocates étasuniennes ont parlé de leur client algérien, également requérant d’asile, qu’elles ont rencontré il y a 48 heures à Guantánamo. Pour le contraindre à passer aux aveux, les dirigeants du camp ont refusé à cet homme de 33 ans, amputé d’une jambe, de lui fournir les soins médicaux nécessités par sa prothèse. Il a en outre été plusieurs fois torturé pendant sa détention. Les deux avocates sont persuadées de l’innocence de l’Algérien : « Notre mandant travaillait dans le domaine humanitaire au Pakistan. C’est là qu’il a été la victime de chasseurs de primes qui l’ont vendu aux Etats-Unis. »
« Les États–Unis ont la responsabilité de fermer au plus vite le camp de Guantánamo et de mettre fin aux violations des droits humains » a déclaré Seema Saifee, avocate du requérant Uigur. « Le président élu, Barack Obama, est malheureusement dépendant de l’aide de la Suisse et des autres États européens. Le Conseil fédéral devrait donner le bon exemple et accorder une protection humanitaire à ces trois hommes. La Suisse contribuerait ainsi de manière significative à la fermeture de Guantánamo.
Communiqué de presse publié le 20 novembre 2008, Berne.
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