Trains suisses La sécurité de 300 millions de passagers doit rester entre les mains de la police

Lundi prochain, le Conseil des Etats se penchera sur la deuxième réforme des chemins de fer et donc également sur la privatisation de la police ferroviaire. Une coalition peu commune de quatre organisations, la Fédération suisse des fonctionnaires de police, le Syndicat du personnel des transports, la Conférence Ebenrain - Alliance des salarié(e)s et Amnesty International, a appelé aujourd’hui le Conseil des Etats à ne pas suivre la volonté du Conseil fédéral et du Conseil national d’autoriser la délégation de tâches étatiques essentielles à des entreprises de sécurité privées. Il en va de la sécurité de quelque 300 millions de passagères et passagers annuels.

Amnesty International a reçu à plusieurs reprises des plaintes de la part de victimes de violence de la part de Securitas ou Securitrans. © Keystone

« Nous considérons la décision prise ce printemps par le Conseil national comme absolument fautive », a déclaré ce matin à Berne Heinz Buttauer, président de la Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP), qui rassemble 95% des policières et policiers suisses. « Elle ouvre largement la porte à la privatisation des compétences souveraines de la police. Nous ne voulons pas d’un simulacre de police en uniforme ! »

Les fonctionnaires de police ne sont pas les seuls à être préoccupés par la possibilité de déléguer des tâches de sécurité aux entreprises privées. Amnesty International s’inquiète de la sécurité des 300 millions de passagères et passagers annuels qui utilisent les chemins de fer suisses : « Ces dernières années, Amnesty International a reçu à plusieurs reprises des plaintes de personnes victimes d’agressions de la part de Securitrans ou de Securitas », a expliqué Denise Graf, juriste à la Section suisse d’Amnesty International et spécialiste des questions policières. « Malgré plusieurs demandes, Securitas a refusé jusqu'à aujourd’hui de discuter de ces cas avec nous. Ce serait un grand risque de déléguer une partie du monopole étatique de la contrainte à des entreprises qui montrent aussi peu de sens de la responsabilité. »

Les quatre organisations ne contestent pas la nécessité de mesures de sécurité dans les trains. « Sur certaines lignes, certains jours et à certaines heures, il y a de grandes difficultés », admet Adrian Wüthrich, spécialiste de la politique des transports au Syndicat du personnel des transports. « En raison de ces cas, qui ont malheureusement beaucoup augmenté cette année, une amélioration de la police ferroviaire est urgente. La présence du personnel du train ne suffit pas : il faut des forces de police bien formées, qui sont familières avec les conditions particulières des transports publics et armées de façon proportionnée. »

La Conférence Ebenrain, la plus grande alliance de faîtières syndicales en Suisse, s’oppose à la privatisation de services publics pour des raisons d’économies. « Une étude pour laquelle nous avons mandaté le Centre de recherches conjoncturelles de l'EPF Zurich en 2006 sur l’efficacité des services publics montre que la Suisse est bien classée en comparaison internationale », a relevé Beat W. Zemp, président de la Conférence Ebenrain. « Il n’y a donc aucune nécessité d’enterrer le monopole étatique de la contrainte par des expériences hasardeuses comme la privatisation de la police ferroviaire. »

La coalition peu commune de ces quatre organisations s’oppose donc à la possibilité de déléguer des tâches étatiques de sécurité à des entreprises privées, comme le souhaitent le Conseil fédéral et le Conseil national, et appelle le Conseil des Etats à ne pas suivre cette voie lors du débat qui aura lieu le 22 septembre. Les quatre organisations revendiquent davantage de sécurité grâce à des forces de police bien formées.

Communiqué de presse de la Section suisse d'Amnesty International, de la Fédération Suisse Fonctionnaires de Police, du Syndicat du personnel des transports et de la Conférence Ebenrain, Alliance des salarié(e)s.

Communiqué de presse publié le 15 septembre 2008, Berne.
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