Message du Conseil fédéral sur la directive sur le retour Des lacunes graves dans la protection des requérants d'asile

Le Conseil fédéral a adopté aujourd'hui le message sur la mise en oeuvre de la directive européenne sur le retour prévue par Schengen. Amnesty International considère que la Suisse ne respectera pas la directive si le Parlement maintient les lacunes dans la protection juridique des requérants d'asile et dans la surveillance des renvois forcés.

Amnesty International avait fait part de nombreuses critiques au moment de l'élaboration de la directive européenne sur le retour, notamment au sujet de la détention administrative. Toutefois, l'organisation de défense des droits humains est bien consciente que la Suisse ne peut pas s'abstenir de mettre en oeuvre la directive sur le retour, vu son adhésion à Schengen. Mais Amnesty International considère que le projet qui avait été soumis à consultation contient de graves lacunes, qui sont incompatibles avec la directive sur le retour.

Protection juridique

Le projet du Conseil fédéral comporte des lacunes dans la protection juridique des requérants d'asile qui le rendent incompatible avec la directive sur le retour. La Suisse vient d'être critiquée le 30 octobre 2009 par le Comité des droits de l'homme des Nations unies au sujet de la mise en oeuvre du Pacte international sur les droits civils et politiques, qui demande au Conseil fédéral de garantir aux requérants d'asile l'accès à une protection juridique prise en charge par l'Etat. Il s'agit là d'un droit qui est garanti par la Constitution fédérale. Or la protection juridique est aujourd'hui entièrement financée par les oeuvres d'entraide, donc par des fonds privés. Cela doit impérativement changer. En vertu de l'article 13 alinéas 3 et 4 de la directive, les requérants n'ont pas seulement droit à une consultation, mais aussi à une représentation juridique.

Monitoring des renvois forcés

Un monitoring efficace des renvois forcés doit être mis sur pied par les autorités suisses. Une exigence actuellement bien loin d'être remplie, puisque c'est Amnesty International qui, à plusieurs reprises, a dû elle-même faire des recherches sur la situation de personnes renvoyées et disparues après leur retour. «Lorsque nous nous sommes adressées à l'Office fédéral des migrations en lui demandant de faire des recherches à son tour, ces démarches ont souvent pris des mois et ont partiellement abouti à de fausses informations, du moins dans un premier temps. C'est seulement après des mois que l'ODM a confirmé que des personnes avaient été arrêtées et mises en prison», relève Denise Graf, coordinatrice asile à la Section suisse d'Amnesty International.

Prise en compte des intérêts de l'enfant

La directive sur le retour prévoit explicitement la prise en compte des intérêts de l'enfant. Il est nécessaire que le texte final adopté par le Parlement soit plus explicite que le projet mis en consultation sur ce point.

Voie de recours

La directive exige une voie de recours effective. Or la proposition du Conseil fédéral maintient le retrait de l'effet suspensif. Cette mesure ne contredit pas seulement la directive mais aussi l'article 13 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui garantit le droit à un recours effectif.

Réduction de la durée de la détention administrative

Amnesty International salue la réduction de la durée de la détention administrative de 24 à 18 mois, mais considère qu'une période de dix-huit mois de détention est encore trop longue. Amnesty International favorise des mesures alternatives à la détention pour garantir le renvoi d'une personne, telles que leur implication dans un projet de retour, un contrôle de présence, etc.

Communiqué de presse publié le 18 novembre 2009, Berne / Lausanne.
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