La nouvelle proposition de révision de la loi sur l’asile est présentée comme nécessaire afin de réduire l’attractivité de la Suisse pour les réfugiés et de réprimer les abus. Mais il faut appeler un chat un chat: les mesures proposées amoindriraient la protection des personnes qui fuient guerres et persécutions.
Admission provisoire en danger
Le projet de révision voudrait restreindre l’accès à une admission provisoire en cas de conflit armé ou d’absence de soins médicaux indispensables – alors même qu’en 2007, plus de 2'700 requérants d’asile en ont bénéficié, soit un tiers des demandes d’asile examinées.
Déserteurs exclus de la qualité de réfugiés
Il est en outre proposé que les déserteurs ne puissent plus être reconnus comme réfugiés – alors même que cela serait inadmissible lorsque ceux-ci se trouvent menacés de graves persécutions.
Procédures d’ambassade remise en question
Selon le projet de révision, la faculté de requérir l’asile dans une ambassade suisse à l’étranger serait également supprimée – alors même que des requérants d’asile peuvent par ce biais requérir la protection de la Suisse sans entreprendre un long et périlleux voyage dans l’illégalité afin de rallier notre pays.
«Attractivité de la Suisse» et réalité des persécutions
En réduisant les perspectives d’octroi de l’asile, le Conseil fédéral tente à toute force de dissuader les réfugiés de requérir la protection de la Suisse. On connaît pourtant l’effet «dissuasif» limité de pareilles courses au pire: la dernière révision de la loi sur l’asile, entrée en vigueur en 2007 et 2008, n’a pas empêché que le nombre des demandes d’asile soit en hausse depuis l’été 2008 – un phénomène présent dans l’ensemble de l’Europe.
L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR, la Section suisse d’Amnesty International et l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers rappellent que, si des requérants d’asile frappent à notre porte, ce n’est pas parce que notre accueil serait excessivement généreux, mais avant tout parce qu’ils se trouvent exposés à de graves dangers dans leurs pays d’origine. Ce n’est pas en durcissant une nouvelle fois la loi qu’on changera quoi que ce soit à cette triste réalité. Requérants d’asile et réfugiés paieraient le prix de ce jeu peu glorieux aux forts relents de déjà-vu.
Communiqué de presse commun de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR, la Section suisse d’Amnesty International et l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers, publié le 14 janvier 2009, Berne.
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