La défenseuse des droits humains Zarema Sadulayeva a été assassinée en août 2009 en Tchétchénie. Plusieurs autres défenseurs ont été victimes d'assassinats ou d'enlèvements ces dernières années. © AI
La défenseuse des droits humains Zarema Sadulayeva a été assassinée en août 2009 en Tchétchénie. Plusieurs autres défenseurs ont été victimes d'assassinats ou d'enlèvements ces dernières années. © AI

Visite de Dimitri Medvedev en Suisse Le Conseil fédéral doit aborder la question des droits humains avec le président russe

9 septembre 2009
Le Conseil fédéral ne doit pas se contenter d'aborder les questions financières et économiques avec le président russe lors de sa visite en Suisse. Trois organisations de défense des droits humains lui demandent d'aborder clairement la situation dramatique des droits fondamentaux dans le Caucase du Nord.

Le Conseil fédéral devrait évoquer exclusivement des questions relatives à la finance et à l'économie avec le président russe Dimitri Medvedev lors de sa visite en Suisse en septembre 2009. Cela consterne la Section suisse d'Amnesty International, la Société pour les peuples menacés et Reporters sans frontières Suisse. La crise des droits humains en Russie et surtout dans le Caucase du Nord sera ainsi passée sous silence. Les menaces, enlèvements et meurtres ont pourtant beaucoup augmenté, notamment en Tchétchénie, en Ingouchie et au Daguestan.

La Suisse risque ainsi de perdre sa crédibilité sur la scène internationale. Notre pays prendra en effet dès la mi-novembre 2009 la présidence du Conseil de l’Europe, pour six mois. En mai 2009, la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf avait évoqué l’organisation d’une conférence ministérielle pour la réforme de la Cour européenne des droits de l'homme.

La réforme déjà entamée de la Cour européenne des droits de l’homme est ancrée dans le protocole 14. Un protocole entre-temps signé par tous les Etats du Conseil de l’Europe, à l’exception de la Russie. Le but de cette réforme est, entre autres, le renforcement de la lutte contre les violations des droits humains par les Etats ainsi que l'amélioration des possibilités de plainte.

A cet effet, les procédures devraient être simplifiées et accélérées. Les plaintes venant de Russie sont d'ailleurs la principale cause de la surcharge des juges à Strasbourg. Aucun autre pays n'est accusé plus souvent de violations des droits humains que la Russie. Dans de nombreux cas, la Cour européenne des droits de l’homme a reconnu la validité des plaintes, mais la Russie a refusé de mettre les jugements en pratique.

Pour Daniel Graf, porte-parole d'Amnesty International, «une visite du président russe en Suisse sans questions critiques de la part du Conseil fédéral sur la situation dramatique des droits humains en Russie est inacceptable. Il est en plus à craindre que la police suisse restreindra massivement la liberté d'expression et de manifestation, comme cela a été le cas lors de la visite d'Etat du Premier ministre chinois Wen Jiabao, en janvier 2009.»