Les armes militaires à l’arsenal
La grande majorité des armes à feu en circulation dans notre pays sont des armes militaires. Leur maintien dans les foyers est un héritage de la guerre froide et ne se justifie plus du point de vue militaire. L’initiative garantit que ces armes d’ordonnance soient enfin déposées en lieu sûr, à l’arsenal.
Prévenir les suicides et la violence domestique
En Suisse, un foyer sur trois détient au moins une arme à feu. Cela représente un total de 2,3 millions de fusils, pistolets revolvers et autres mousquetons. Pourtant, toutes les études sont unanimes: la disponibilité des armes est un facteur essentiel du passage à l’acte, qu’il s’agisse de meurtre ou de suicide. Moins d’armes en circulation signifie plus de sécurité et une meilleure prévention d’actes impulsifs aux conséquences fatales.
Un registre national des armes aide à lutter contre la criminalité
L’initiative exige la mise en place d’un registre central des armes à feu. Cela facilitera le travail de la police qui pourra mesurer les risques liés à une intervention, par exemple, en cas de violence domestique. Ce registre lui sera également utile pour mener ses investigations suite à un délit. En Suisse, chaque voiture, chaque vache, chaque chien est enregistré. Quoi de plus logique d’également répertorier des objets aussi dangereux que les armes à feu.
Pas une prohibition générale
L’initiative n’est pas dirigée contre les tireurs sportifs, les chasseurs et les collectionneurs qui font un usage responsable des armes qu’ils détiennent. Les personnes qui en ont besoin et qui disposent des capacités requises pourront garder leur arme. Le tir en campagne et les programmes de tir obligatoires ne sont aucunement remis en cause.
Convaincue qu’elle permettra de sauver des vies, la coalition «Pour la protection face à la violence des armes» s’engage avec détermination en faveur de l’initiative. Voter OUI le 13 février permettra d’améliorer la sécurité en général, mieux prévenir les suicides, mais aussi les crimes et délits dont l’élucidation sera par ailleurs facilitée. S’agissant des partis politiques qui font partie intégrante de cette coalition, ils présenteront leurs propres arguments dans le cadre d’une conférence de presse commune à la mi-janvier. 2011.
INTERVENTION DE STELLA JEGHER, MEMBRE DE LA DIRECTION DE LA SECTION SUISSE D’AMNESTY INTERNATIONAL
Tous les jours et dans le monde entier des armes légères sont utilisées pour commettre de graves violations des droits humains. Le 90% des quelques 30 millions de victimes de conflits armés depuis 1945 ont été tuées par des armes légères, beaucoup plus qu’au moyen d’armes modernes de destruction massive. 640 millions d’armes légères circulent aujourd’hui dans le monde, 60% d’entre elles sont entre les mains de civils. 350'000 personnes, dont près de 300 en Suisse, décèdent chaque année victimes de leur utilisation abusive. Nous devons aujourd’hui tout mettre en oeuvre pour faire reculer ces chiffres alarmants.
Trop d’armes tombent aujourd’hui entre de mauvaises mains : Entre les mains de criminel·le·s, entre les mains de jeunes personnes, entre les mains d’enfants soldat·e·s, ou encore entre les mains de maris – et parfois de femmes - exerçant de la violence au sein du couple et du partenariat.
C’est pourquoi Amnesty International s’engage depuis des années dans le cadre de la campagne mondiale «Les armes sous contrôle» en faveur d’un instrument international visant à contrôler le commerce international et la disponibilité des armes légères et de petit calibre. Nos attentes sont en passe
de devenir réalité et nous avons bon espoir de voir naître en 2012 un «Traité sur le commerce des armes» (Arms Trade Treaty – ATT–) contraignant, fort et efficace.
La Suisse s’est elle-même fortement engagée en faveur d’un tel traité et, dans ce domaine, l’initiative ne ferait donc qu’ancrer dans la constitution sa politique actuelle. Mais nous nous posons dès lors la question : La Suisse, avocate d’un contrôle international sur les armes est-elle crédible alors que des
centaines d’armes de service, pistolets et fusils d’assaut, circulent sur son territoire, que la possession et le commerce d’armes sont à peine restreints et contrôlés, et que des milliers d’armes disparaissent dans notre pays sans laisser de traces ? Nous estimons que non.
Trop d’armes tombent aujourd’hui entre de mauvaises mains – en Suisse aussi. Pour éviter cela, l’acquisition et la possession d’armes doivent être liées à une clause de besoin et à une attestation de compétence. Elles doivent également être contrôlées par un registre centralisé. Les violations des droits humains commises au moyen d’armes à feu ne disparaîtront pas pour autant. Mais leur nombre pourra être considérablement réduit, ce que montrent d’ailleurs les expériences menées dans d’autres pays. Et ceci notamment dans le domaine de la violence domestique.
La Suisse doit s’engager contre l’abus des armes à feu, non seulement sur le plan international, mais également au sein-même de notre pays. Nous demandons plus de cohérence dans l’engagement de la Suisse contre ces violations quotidiennes des droits humains et c’’est pourquoi nous disons aujourd’hui:
«Les armes sous contrôle - en Suisse aussi !»
Communiqué de presse de la coalition «Pour la protection face à la violence des armes» suivi de l'intervention d'Amnesty International. Publié le 13 décembre 2010.
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