Erwin Sperisen sera jugé pour sa participation à des exécutions extrajudiciaires.
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Le Ministère public genevois a enfin donné l’ordre d’arrêter le suisso-guatémaltèque de 42 ans. Erwin Sperisen est poursuivi pour meurtre, inculpation qui découle de la période où il dirigeait les services de police de 2004 à 2007.
La responsabilité pénale d’Erwin Sperisen est engagée dans les exécutions extrajudiciaires de quatre détenus qui se sont évadés de la prison d'El Infiernito en 2005, ainsi que de celles de sept prisonniers d'El Pavón en 2006.
En 2007, il a démissionné de son poste de chef de la police et a fui vers l’Europe avec plusieurs de ses co-accusés, semble-t-il pour se soustraire à la justice. Il s’est installé en Suisse, tandis que l’ancien ministre de l’Intérieur Carlos Vielman fuyait vers l’Espagne et l’ancien directeur du département de police judiciaire des forces de police du Guatemala, Javier Figueroa, vers l’Autriche, où il a obtenu le statut de réfugié.
«L’arrestation d’Erwin Sperisen en Suisse devrait donner à réfléchir à tous ceux qui pensent que le rang et le statut – ou le fait de détenir un passeport étranger – leur permettront d’échapper à la justice», a indiqué Sebastian Elgueta, chercheur sur le Guatemala pour Amnesty International.
Erwin Sperisen vivait à Genève depuis 2007. Amnesty International a demandé à maintes reprises son arrestation.
Le Guatemala a délivré un mandat d’arrêt contre lui en août 2010. Suite à la pression exercée par Amnesty International et TRIAL (Association suisse contre l'impunité), les autorités genevoises ont adressé une commission rogatoire au Guatemala en avril 2011.
Amnesty International salue l’arrestation d’Erwin Sperisen. Un procès équitable contribuera à vaincre l’impunité qui prévaut au Guatemala.
«L’arrestation d’Erwin Sperisen prouve que la recherche de la justice ne s’arrête pas aux frontières ; lorsque les procureurs et les enquêteurs de différents pays autour du globe coopèrent, il est possible d’amener les auteurs présumés de graves violations des droits humains à rendre des comptes. Il incombe aux autorités autrichiennes et espagnoles de faire en sorte que les familles des victimes d’exécutions extrajudiciaires au Guatemala obtiennent justice.»