En refoulant des demandeurs d'asile vers l'Italie, la Grèce ou la Hongrie, la politique d'asile de la Suisse bafoue les droits des réfugiés. © Reuters
En refoulant des demandeurs d'asile vers l'Italie, la Grèce ou la Hongrie, la politique d'asile de la Suisse bafoue les droits des réfugiés. © Reuters

Politique d'asile de la Suisse Halte aux renvois Dublin

Communiqué de presse publié le 27 octobre 2015, Berne. Contact du service de presse
La Suisse doit suspendre les renvois Dublin vers les Etats à la frontière de l’Union européenne et sur la route des Balkans, et traiter elle-même les demandes d’asile. La politique d’asile de la Suisse bafoue les droits des réfugiés et contrevient au principe de solidarité en refoulant des personnes vers des pays comme l’Italie, la Grèce, la Hongrie. Au lieu de favoriser l’intégration des réfugiés de guerre venus de Syrie ou d’Afghanistan, le Secrétariat d’Etat aux migrations accélère les renvois depuis le 24 septembre 2015, traitant prioritairement les cas Dublin.

Face à cette évolution, Amnesty International, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés, Solidarité sans frontières, le service d’assistance juridique Copera et le mouvement citoyen Collectif R tirent la sonnette d’alarme et demandent au Conseil fédéral d’agir immédiatement dans le sens suivant :

  • Participer activement à une réforme du système d’asile européen,
  • Suspendre les renvois Dublin dans les Etats à la frontière de l’Union européenne et sur la route des Balkans, et traiter les demandes d’asile,
  • Considérer l’intégration des personnes à protéger comme une priorité,
  • S’engager à plus long terme pour une répartition entre les pays européens prenant en compte les intérêts des réfugiés (liens familiaux, etc.),
  • Permettre à beaucoup plus de réfugiés de s’installer en Suisse.
Graves atteintes aux droits humains en Hongrie

Denise Graf, experte de l’asile auprès de la Section suisse d‘Amnesty International, met en garde : «les équipes d’Amnesty documentent presque chaque jour de graves atteintes aux droits humains en Hongrie, en Italie, en Grèce, dans la mer Egée et le long de la frontière des Balkans. Mais nos appels à l’aide ne sont pas pris en compte, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) n’a même pas répondu à notre demande instante de ne pas refouler les réfugiés vers la Hongrie. Cela ne peut plus continuer.»

L‘organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) est confrontée depuis des années à la réalité du système de Dublin. Constantin Hruschka de l’OSAR, constate: «La situation actuelle en Hongrie est comparable à celle de la Grèce en 2008-2009. Nous ne pouvons pas à nouveau attendre pendant deux ans une décision de la Cour européenne des Droits de l’homme avant de pouvoir aider les personnes qui ont besoin d’être protégées, n’ont accès à aucune procédure d’asile et s’exposent à des traitements inhumains.»

Les renvois à la frontière européenne doivent êtres suspendus

Aldo Brina, chargé d’information sur les questions d’asile du Centre social protestant (CSP) parle au nom de plusieurs services de consultation juridiques : «En accélérant la procédure des renvois Dublin et en négligeant l’intégration des réfugiés venus de régions et de pays en guerre, la Suisse va clairement à l’encontre de l’appel de l’Union européenne à davantage de solidarité. Les renvois de réfugiés dans les pays de la frontière européenne doivent être suspendus.»

Et Michael Rodriguez, du Collectif R, un mouvement de citoyens lausannois qui milite contre les renvois Dublin, de renchérir : «Si la Suisse continue à fermer les yeux sur ce qui se passe dans ces pays, elle se rend complice de violations des droits humains. Plusieurs réfugiés membres de notre collectif ont vécu en Italie et en Hongrie des privations de liberté, des humiliations et des formes de violence proches de la torture. La Confédération doit enfin cesser de jouer avec le feu et traiter elle-même toutes les demandes d’asile déposées ici.»

Amanda Ioset, directrice de Solidarité sans frontières, va plus loin : «L’avenir de la solidarité entre les Etats ne peut pas passer par un maintien du système de Dublin, car cela ne fait que creuser un fossé entre les pays d’Europe centrale et les pays de périphérie, où les réfugiés séjournent en premier. La Suisse doit prendre ses responsabilités envers des personnes qui fuient la guerre, le chaos et la misère, et renoncer totalement aux renvois Dublin.