Nouvelle campagne d’Amnesty International Suisse Protection des réfugiés: le Conseil fédéral doit enfin agir

Communiqué de presse publié le 19 septembre 2016, Londres - Genève. Contact du service de presse
Amnesty International Suisse appelle le Conseil fédéral à respecter ses promesses et à accueillir le plus tôt possible 1500 réfugiés particulièrement vulnérables en provenance de Syrie. Dans une pétition Amnesty appelle également la Suisse à soulager l'Italie et la Grèce en accueillant des demandeurs d’asile. Dans les gares suisses des dizaines de militants de l’organisation ont attiré l'attention sur le sort des réfugiés.

Avec la devise «Tout est bien protégé, sauf les réfugiés», Amnesty International Suisse lance aujourd’hui une nouvelle campagne nationale. Enveloppés dans des couvertures de sauvetages, des militants ont attiré l’attention des pendulaires dans les gares de Zurich, Berne, Bâle, Lausanne et Genève sur la vulnérabilité des personnes qui ont dû tout abandonner dans leur pays d'origine pour chercher un pays sûr.

Trop peu de places pour les personnes particulièrement vulnérables

65 millions de personnes déplacées et de réfugiés dans le monde : depuis la Seconde Guerre mondiale ce chiffre n’a jamais été aussi élevé. Elles fuient la guerre et les persécutions. Les pays riches et l'ensemble de la communauté internationale ne parviennent pas à se partager la responsabilité de l’accueil et de la protection des réfugiés.

Selon les estimations du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), en 2017, 1,19 millions de réfugiés particulièrement vulnérables (les enfants, les victimes de violences graves, les femmes enceintes et les familles avec de petits enfants, les malades et les personnes âgées) devront être relocalisés d’urgence dans un nouveau pays. Mais à ce jour seuls 30 pays mettent chaque année à disposition quelques 100'000 places de relocalisation par année (UNHCR Projected Global Resettlement Needs 2017, juin 2016).

Renvois et externalisation des responsabilités

Beaucoup de personnes prennent le risque d’un voyage périlleux pour se rendre dans un pays sûr. Au lieu d'offrir une protection aux réfugiés, l’Europe se concentre sur le renvoi et sur l’externalisation de ses responsabilités hors de ses frontières.

En conséquence, des milliers de réfugiés sont bloqués en Grèce et en Italie, les frontières des autres pays européens leur étant fermées. La plupart d'entre eux vivent dans des conditions indignes tant les logements, les soins médicaux ou les infrastructures sanitaires font défaut. Ils vivent de surcroît dans l'incertitude quant à leur avenir et attendent des mois pour un rendez-vous avec les autorités. Les États doivent coopérer davantage pour partager la responsabilité de la protection des réfugiés de manière plus équitable. La Suisse doit également contribuer davantage qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent.

L’accueil est à la traîne

En 2015, le Conseil fédéral avait décidé d’accueillir en trois ans 1500 réfugiés particulièrement vulnérables en provenance de Syrie, et de soulager la Grèce et l'Italie en accueillant 1500 demandeurs d’asile. Pourtant à ce jour, peu de ces personnes ont été accueillies. Seules 72 personnes ont été accueillies dans le cadre du programme de relocalisation en provenance d'Italie et pas une seule personne en provenance de Grèce (chiffres de la Commission européenne, en date du 15 septembre 2016). Et seuls 751 réfugiés particulièrement vulnérables sont arrivés directement de la zone de conflit syrienne par décision du Conseil fédéral (chiffres du DFJP, Rapport sur l’engagement de la Suisse dans la crise syrienne, 16 septembre 2016).

La Suisse peut et doit faire plus :

Nous demandons donc au Conseil fédéral:

  • d’accueillir au plus vite les 1500 réfugiés particulièrement vulnérables qu’il a promis d’accueillir ;
  • de décharger le plus rapidement possible l’Italie et la Grèce, en accueillant comme il l’a promis 1500 demandeurs d’asile en provenance de ces deux pays ;
  • de faire preuve de solidarité en accueillant davantage de réfugiés et demandeurs d'asile.

La pétition d'Amnesty en Suisse fait partie de la campagne mondiale «J'accueille» d’Amnesty International, qui sera lancée à l'occasion du Sommet onusien de haut niveau pour les réfugiés et les migrants et de la Conférence sur les réfugiés du président américain Barack Obama.