Malgré cette augmentation, les exportations de matériel de guerre restent marginales sur le plan économique, puisqu'elles ne représentant que 0,15% du total des exportations suisses. «Mais elles sont explosives et très controversées sur le plan politique», a déclaré Alain Bovard, juriste à la Section suisse d'Amnesty International Suisse. «Au vu des exportations suisses d'armes vers des pays en guerre connus pour violer gravement les droits humains, un assouplissement supplémentaire des contrôles des exportations d'armes serait cynique et irresponsable.»
Des armes d'une valeur d'environ 9 millions de francs suisses ont notamment été fournies à l'Arabie saoudite et à d'autres États arabes, impliqués dans la guerre civile au Yémen, qui a entraîné une catastrophe humanitaire sans précédent. La Turquie, qui est impliquée dans un conflit interne et a récemment envahi la Syrie, a quant à elle reçu du matériel de guerre d'une valeur d'environ 640 000 francs suisses.
«La Suisse doit absolument veiller à ce qu'aucune arme ne soit transférée lorsqu'il existe un risque majeur de crimes de guerre ou de graves violations des droits humains », a déclaré Alain Bovard. « Face aux guerres et aux catastrophes humanitaires, le Conseil fédéral ne doit pas assouplir à nouveau le régime des exportations d'armes au risque d'alimenter les conflits existants, mais plutôt assurer un contrôle strict et efficace des exportations d'armes afin de soulager les souffrances humaines.»
La Suisse doit remplir pleinement ses obligations en vertu du Traité sur le commerce des armes (TCA). Le risque que des armes soient utilisées dans le cadre de violations graves des droits humains ou de crimes de guerre augmente avec les exportations vers les pays impliqués dans un conflit armé. Ce risque devient encore plus aigu avec des pays de destination qui violent systématiquement et gravement les droits humains.