Les exportations suisses de matériel de guerre sont demeurées stables à un niveau élevé l'année dernière. Des équipements militaires d'une valeur de 509 millions de francs ont été exportés dans 64 pays. Selon le SECO, les exportations ont augmenté de 14% par rapport à l'année précédente, bien que cette augmentation s’explique en partie par une nouvelle méthode de comptage, qui inclut également le trafic de réparation.
En 2018, l'industrie de la défense s'est plainte d'une marche des affaires difficile et a plaidé pour un nouvel assouplissement de l'ordonnance sur le matériel de guerre. Pourtant, les statistiques indiquent tout sauf un recul des affaires. L'année dernière, le SECO a délivré de nouvelles autorisations d'exportation pour un montant de 1924 millions de francs, soit une augmentation de 1340 millions de francs par rapport à l'année précédente. Les carnets de commandes de l'industrie de l'armement sont donc bien remplis.
Les exportations vers l'Europe ont fortement augmenté, tandis que les exportations vers l'Asie et les pays du Golfe ont clairement diminué. Selon le SECO, aucune arme qui pourrait être utilisée dans le conflit au Yémen n’est exportée. Et les exportations d'armes vers l'Arabie saoudite ont été complètement suspendues après l'assassinat du journaliste Kashoggi.
Cependant, des comptes rendus médiatiques montrent que des armes suisses continuent d’arriver en de mauvaises mains. C’est le cas des grenades à mains de la firme RUAG utilisées au Yémen. Ces grenades avaient été livrées aux Émirats arabe unis en 2003.
Une autre livraison d'armes au Moyen-Orient pose actuellement des problèmes au SECO. En mars 2018, 10 fusils d'assaut et 30 mitraillettes ont été livrés au Liban. La semaine dernière, le SECO a annoncé que seulement neuf des 40 armes avaient pu être inspectées lors d'une vérification dans le pays. Le SECO a considéré que le risque que le matériel de guerre atteigne des destinataires indésirables est élevé au Liban et a décidé de ne plus accorder de permis pour ce pays.
Pilatus forme des pilotes de combat en Arabie saoudite
Les exportations et les services de la société Pilatus ne sont pas inclus dans les statistiques du SECO sur les exportations de matériel de guerre, car ils ne tombent pas sous le champs d’application de l’ordonnance sur le matériel de guerre. Selon un article paru dans le presse suisse alémanique, Pilatus soutient la formation des pilotes de combat en Arabie saoudite, aux Émirats Arabes Unis et dans d'autres pays avec des avions d'entraînement et des simulateurs.
Il est très problématique que les pilotes de chasse des forces aériennes impliqués dans le conflit au Yémen et soupçonnés d'avoir commis des crimes de guerre soient entraînés avec des avions d'entraînement et des simulateurs suisses. Avec ce soutien et la formation des pilotes sur place, le risque est grand que la compagnie Pilatus contribue à la poursuite des attaques aériennes et à la perpétration d'éventuels crimes de guerre au Yémen.
Ces exemples montrent que des pressions politiques sont toujours nécessaires pour contrôler strictement les exportations d'armes suisses. L’initiative de rectification, pour laquelle plus de 100’000 signatures ont été recueillies en un temps record, représente un pas dans cette direction.