Nous continuerons à surveiller de près les entreprises dans leurs relations commerciales avec le Sud et à dénoncer les violations des droits humains. © Kadir van Lohuizen / Noor / Keystone
Nous continuerons à surveiller de près les entreprises dans leurs relations commerciales avec le Sud et à dénoncer les violations des droits humains. © Kadir van Lohuizen / Noor / Keystone

Initiative pour des multinationales responsables «Nous allons prendre les entreprises au mot!»

Communiqué de presse publié le 29 novembre 2020, Berne/Genève. Contact du service de presse
Une majorité de votant·e·s s’est prononcée en faveur de l'initiative pour des multinationales responsables. L'initiative a cependant été rejetée par la majorité des cantons.

Alexandra Karle, directrice d'Amnesty Suisse, a commenté ce résultat comme suit:

«La Suisse a aujourd’hui manqué une occasion d'imposer aux nombreuses multinationales qui ont leur siège dans notre pays une réglementation efficace pour les obliger à protéger les droits humains et l'environnement quand elles font des affaires à l’étranger. La majorité de OUI déposée dans les urnes par les votants constitue cependant un succès historique. C’est un appel au Conseil fédéral et au Parlement: les violations des droits humains commises par les entreprises multinationales ne doivent plus être tolérées!»

«Les adversaires de l’initiative ont insisté sur le fait que les entreprises suisses respecteraient, déjà aujourd’hui, les droits humains et les normes environnementales de manière exemplaire. Nous allons les prendre au mot.» Alexandra Karle, Directrice d'Amnesty Suisse

«Durant la campagne de votation, les adversaires de l’initiative ont insisté sur le fait que les entreprises suisses respecteraient, déjà aujourd’hui, les droits humains et les normes environnementales de manière exemplaire. Nous allons les prendre au mot. Amnesty International et la large coalition partenaire vont maintenant plus que jamais surveiller les affaires des multinationales dans le Sud global, et continuer à pointer du doigt les violations des droits humains et à les rendre publiques où qu’elles surviennent.»

«Nous avons certes essuyé une courte défaite dans les urnes, mais nous avons toute de même remporté un certain succès. Grâce à l’engagement d’une large coalition et de dizaine de milliers de sympathisants et de sympathisantes, nous avons réussi à placer l’exigence d’une responsabilité accrue des multinationales tout en haut de l’agenda politique de la Suisse. Notre revendication reste actuelle et est aujourd’hui relayée dans tout le pays par un très large mouvement de la société civile.»

«Notre revendication reste actuelle et est aujourd’hui relayée dans tout le pays par un très large mouvement de la société civile.»

Informations complémentaires

Amnesty International a été parmi les premières organisations à soutenir l’initiative pour des multinationales responsables. Elle s’est engagée infatigablement en faveur de cette initiative avec ses activistes de toute la Suisse. L’organisation de défense des droits humains s’engage également depuis plus de deux décennies, au niveau international, pour que les multinationales respectent les droits humains et soient tenues de répondre de leurs actes en cas d’abus.

Aujourd’hui, du fait de la globalisation, les multinationales disposent de plus de pouvoir et d’influence que jamais. Elles fournissent certes des emplois et donc des revenus à des millions de personnes, mais, lorsque leurs activités violent les droits humains et détruisent l’environnement, il n’existe que très peu de moyens pour les amener à rendre des comptes et à indemniser les victimes.

Plusieurs pays ont renforcé le devoir des multinationales de rendre des comptes. La France a introduit une législation similaire à celle proposée par l’initiative pour des multinationales responsables. Au Royaume-Uni, au Canada ou aux Pays-Bas, les personnes lésées peuvent déjà faire valoir leur droit à une indemnisation devant les tribunaux. L’Union européenne travaille en ce moment à l’élaboration de nouvelles règles en ce sens.