La mobilisation en lien avec le conflit à Gaza dans plusieurs universités suisses, comme ici à Lausanne, ne devrait pas faire l'objet de mesures obstructionnistes et répressives de la part des universités.  © Keystone, Noemi Cinelli
La mobilisation en lien avec le conflit à Gaza dans plusieurs universités suisses, comme ici à Lausanne, ne devrait pas faire l'objet de mesures obstructionnistes et répressives de la part des universités. © Keystone, Noemi Cinelli

Suisse Garantir le droit de manifester dans les universités !

Communiqué de presse du 7 mai 2024, Berne – Contact du service de presse
Des étudiant·e·x·s et des membres du corps enseignant se mobilisent actuellement en lien avec la guerre à Gaza dans plusieurs universités de Suisse. Leur volonté de se rassembler et d’exprimer leur opinion doit être garantie par les universités, met en garde Amnesty International alors que l’EPFZ a d’ores et déjà fait intervenir la police pour disperser les manifestant·e·x·s.

Les universités sont des lieux de réflexion, de construction et de transmission du savoir qui ont pour mission de favoriser le développement de la vie intellectuelle et de stimuler le débat de société. En outre, le droit de manifester pacifiquement est un droit humain fondamental garanti pour toute personne, y compris les étudiant·e·x·s et les membres du corps enseignant. 

Amnesty International recommande aux administrations universitaires de ne pas mettre en place de réponses obstructionnistes et répressives face à la mobilisation qui a actuellement cours en lien avec la situation à Gaza.  

« Nous demandons aux administrations des universités de préserver et de faciliter le droit des étudiant·e·x·s à manifester pacifiquement et en toute sécurité sur leur campus », déclare Alexandra Karle, directrice d’Amnesty Suisse.  

« Les administrateurs d'établissements universitaires ne doivent faire appel aux forces de l'ordre pour disperser les manifestations sur les campus qu'en dernier recours, par exemple en cas de violence généralisée ou d'incitation à la violence et à la discrimination », rappelle Alexandra Karle.  

«Nous demandons aux administrations des universités de préserver et de faciliter le droit des étudiant·e·x·s à manifester pacifiquement et en toute sécurité sur leur campus»
Alexandra Karle, directrice d’Amnesty Suisse
 

La police est tenue d'agir conformément aux normes internationales en matière de droits humains afin de faciliter le droit de manifester pacifiquement. Une manifestation ne peut être dispersée que dans des cas exceptionnels, et il convient généralement de laisser les réunions prendre fin spontanément. Par conséquent, les autorités doivent veiller à ce que toute décision de disperser un rassemblement ne soit prise qu'en dernier recours et dans le strict respect des principes de nécessité et de proportionnalité, c'est-à-dire uniquement lorsque le niveau ou la menace de violence l'emporte sur le droit des personnes à se rassembler.  

« Les manifestant·e·x·s pacifiques doivent pouvoir exprimer leur opinion à portée de vue et d’ouïe des destinataires de leurs messages. Les étudiant·e·x·s sont d'autant plus légitimes à le faire sur les campus que leurs revendications concernent directement les rectorats et directions des universités. Enfin, la durée même d'une manifestation peut faire partie de son message et ne peut constituer un motif de dispersion », précise Alexandra Karle. 

Pas d’appel à la haine 

Amnesty International condamne avec la plus grande fermeté les discours haineux et les violences à l'encontre des communautés juives ou palestiniennes, y compris lorsqu'ils sont commis sous le couvert d'une manifestation. Les autorités ont la responsabilité de traiter les incidents documentés de haine antisémite et de haine anti-arabe et islamophobe. Toutefois, les actions de quelques-un·e·x·s ne doivent pas être utilisées pour décrédibiliser les manifestations, ni servir de prétexte pour mettre un terme à la contestation légitime et pacifique, ou pour empêcher les manifestant·e·x·s de s'exprimer.