D’après le dernier rapport complet sur la situation alimentaire dans la bande de Gaza de l'IPC (The Integrated Food Security Phase Classification), plus de la moitié de la population du nord de la bande de Gaza se trouve dans une situation alimentaire et d'approvisionnement "catastrophique". En empêchant l'acheminement de nourriture, Israël entreprend d'affamer la population civile, ce qui pourrait constituer un crime de guerre tout en contribuant, selon la Cour internationale de justice (CIJ), à un risque imminent de génocide. La majorité des 2,2 millions de personnes qui survivent dans la bande de Gaza sont aujourd'hui hébergées dans des écoles et des abris d'urgence de l'UNRWA. L’agence est la seule à disposer des structures, du personnel et de l'expertise nécessaires pour garantir un acheminement et une distribution suffisante d’aide vitale. Tout affaiblissement de l'UNRWA revient par conséquent à affamer les habitant⸱e⸱s de la bande de Gaza et peut être qualifié de complicité de génocide.
L'UNRWA est responsable de l'éducation et de l'approvisionnement de six millions de réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza ainsi qu'en Cisjordanie occupée et dans les pays voisins: au Liban, en Syrie et en Jordanie. L'arrêt des activités de l'UNRWA aurait un effet fortement déstabilisateur sur ces régions et pays déjà fragiles et nuirait donc également aux intérêts de la Suisse.
La Suisse a des raisons d’être fière de sa tradition humanitaire et de sa réputation de partenaire fiable en matière de coopération internationale. Or, notre pays a déjà entaché sa réputation dans le cadre de la guerre actuelle à Gaza en ne s'engageant pas plus activement en faveur d'un cessez-le-feu permanent et d'un embargo sur les armes. Si, en outre, la Suisse cessait son financement de l'UNRWA et affaiblissait ainsi le seul outil devant permettre, le cas échéant, de stopper la famine d'origine humaine, sa crédibilité en tant que "Suisse humanitaire" en serait affectée à long terme.
Depuis de nombreuses années, Israël mène une campagne active de diffamation contre l'UNRWA, une agence qui représente les réfugiés palestiniens et symbolise leur droit à l'autodétermination. Le 26 janvier 2024 - le jour même où la CIJ concluait à un risque plausible de génocide dans la bande de Gaza - Israël lançait des accusations contre l'agence. Dans la foulée de ces accusations selon lesquelles douze collaborateurs de l'UNRWA dans la bande de Gaza auraient été impliqués dans les crimes de guerre du Hamas du 7 octobre 2023, l'ONU a commandé une enquête indépendante qui devrait remettre un rapport provisoire d’ici à la fin du mois. Cela montre que l'ONU et l'UNRWA prennent leur devoir de diligence au sérieux. Tout ce que représente l'UNRWA, avec ses 30’000 employés et les millions de bénéficiaires dans le besoin qui en dépendent, en particulier dans la bande de Gaza, ne doit en aucun cas être soumis à une punition collective pour des crimes présumés commis par des individus. Il est par ailleurs à noter qu’Israël n'a pas fourni de preuves crédibles à l'ONU et à l'UNRWA depuis les accusations proférées fin janvier.
Au début du mois de février déjà, plusieurs des organisations cosignataires avaient vivement condamné la décision spontanée d'une douzaine de pays donateurs de suspendre leurs contributions financières à l'UNRWA. Nous nous félicitons que l'Union européenne, le Canada, la Suède, l'Australie et la Norvège aient entre-temps repris leurs versements, que l'Espagne ait augmenté les siens de 20 millions d’euros et que la Commissions de politique extérieure du conseil national puisse rencontrer M. Phillipe Lazzarini le 25 mars pour un entretien approfondi.
Nous demandons que les contributions financières de la Suisse destinées à l'UNRWA soient versées en avril sans plus tarder. Toute velléité de repousser les paiements doit être fermement rejetée en regard de la famine qui sévit dans la bande de Gaza. Une augmentation des contributions devrait même être considérée.
Parallèlement, nous renouvelons notre demande urgente que la Suisse s'engage plus résolument en faveur d'un cessez-le-feu permanent. La Suisse doit tout faire pour éviter une famine et des morts additionnels dans la guerre menée à Gaza.
Aider Beit-Sahour, Palestine
Amnesty International Schweiz
Forum für Menschenrechte in Israel/Palästina
Frauen für den Frieden Schweiz
Frieda - Die feministische Friedensorganisation
Gerechtigkeit und Frieden in Palästina GFP
Gesellschaft Schweiz-Palästina GSP
Gruppe für eine Schweiz ohne Armee GSOA
Ina autra senda - Swiss Friends of Combatants for Peace
Jüdische Stimme für Demokratie und Gerechtigkeit in Israel/Palästina JVJP
medico international schweiz
Bereich OeME-Migration der ref. Kirchen Bern-Jura-Solothurn
Parrainages d'Enfants de Palestine
PeaceWomen Across the Globe
Palästina-Solidarität Basel
Palästina-Solidarität Schweiz
Urgence Palestine Nyon-La Côte