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Suisse / Afghanistan Pas de renvois vers les talibans!

Communiqué de presse du 14 octobre 2024, Berne – Contact du service de presse
Pour la première fois depuis 2019, la Suisse a procédé à deux renvois vers l'Afghanistan. D'autres devraient suivre «dès que possible», selon les déclarations du Secrétariat d'État aux migrations citées dans la presse dominicale. Ces renvois risquent d'entraîner de graves violations des droits humains et d'enfreindre le droit international.

« Personne ne doit être expulsé vers un pays où il risque d'être torturé ou de subir d'autres violations graves des droits humains. Il est effrayant d’apprendre que les autorités suisses expulsent des personnes vers l'Afghanistan malgré la gravité de la situation dans le pays », déclare Kishor Paul, spécialiste de l'asile et des migrations à Amnesty International Suisse.

« À l’heure actuelle, personne n'est en sécurité en Afghanistan : les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et la torture sont monnaie courante. Il est impossible pour les autorités suisses de garantir la sécurité des personnes renvoyées dans le pays. »

«Il est impossible pour les autorités suisses de garantir la sécurité des personnes renvoyées vers l'Afghanistan.»
Kishor Paul, spécialiste de l'asile et des migrations à Amnesty International Suisse

« Trois ans après la prise de pouvoir par les talibans, la situation des droits humains s'est dramatiquement détériorée en Afghanistan. La liste des exactions ne cesse de s'allonger, sans que les responsables ne soient tenus de rendre des comptes. Il est évident que les talibans tentent de normaliser leur statut au sein de la communauté internationale. La Suisse ne doit pas participer à de telles tentatives », ajoute Kishor Paul.

Après l'Allemagne, la Suisse est le deuxième pays d'Europe à procéder à nouveau à des expulsions vers l'Afghanistan. Amnesty Suisse s'inquiète du fait que le renvoi de criminels ne soit que le début d'une nouvelle pratique plus sévère de la part des autorités suisses en matière d'asile. En reprenant les renvois vers l'Afghanistan, la Suisse sape le principe de non-refoulement du droit international impératif. Amnesty International s'oppose à tout renvoi vers ce pays en raison de la situation extrêmement précaire des droits humains.

Le principe de non-refoulement interdit l'extradition ou le renvoi d'une personne vers un autre pays s'il y a des raisons de penser qu'elle risque d'y être soumise à la torture, à des traitements inhumains ou à d'autres violations graves des droits fondamentaux. Ce principe est un élément impératif du droit international et est ancré dans plusieurs conventions internationales (Convention de Genève sur les réfugiés, Convention contre la torture, Convention européenne des droits de l’homme).

Amnesty International demande aux autorités suisses de redoubler d'efforts au sein de la communauté internationale pour que les talibans soient tenus responsables des crimes de droit international et des graves violations des droits humains commis en Afghanistan. L’organisation a également lancé une pétition pour exiger du Conseil fédéral qu’il s'engage pour faire cesser les violations massives des droits humains en Afghanistan.