Alexandra Karle, présidente d'Amnesty Suisse (gauche), Sébastien Kessler, député au Grand Conseil vaudois (centre) et Karin Huber, membre du comité de l'initiative pour l'inclusion et du comité du réseau Avanti, pendant la table ronde sur l'initiative pour l'inclusion. © jakobineichen.ch
Alexandra Karle, présidente d'Amnesty Suisse (gauche), Sébastien Kessler, député au Grand Conseil vaudois (centre) et Karin Huber, membre du comité de l'initiative pour l'inclusion et du comité du réseau Avanti, pendant la table ronde sur l'initiative pour l'inclusion. © jakobineichen.ch

Amnesty Suisse Rétrospective de l'Assemblée générale 2024

27 mai 2024, Berne
La défense des droits humains et du droit international humanitaire dans un monde de plus en plus conflictuel, l'engagement pour les droits des personnes avec handicap et la lutte contre la discrimination étaient au cœur de l'Assemblée générale d'Amnesty Suisse. Près de 150 activistes, sympathisant·e·x·s et collaborateur·rice·x·s de la section suisse de l'organisation de défense des droits humains se sont réunis à cette occasion au Palais des Congrès de Bienne.

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Dans son discours d'ouverture, Alexandra Karle, directrice d'Amnesty Suisse, a appelé à la défense du droit international humanitaire contre les tentatives toujours plus fortes de délégitimation du droit international et de ses institutions ainsi que les attaques contre les ONG et la société civile. 

Il ne peut être d'aucun intérêt que le droit international soit davantage remis en question et délégitimé. Nous serions alors lâchés dans le vide, partout sur la planèteAlexandra Karle, directrice d'Amnesty Suisse

«Actuellement, nous sommes souvent critiqués en raison de notre travail sur le conflit au Proche-Orient. Nous sommes accusés de partialité par les deux parties. En soi, c'est bon signe. Cela signifie que nous ne 'satisfaisons' personne. Nous invoquons le droit international humanitaire et critiquons les violations commises par les deux parties au conflit - l'attaque cruelle du Hamas contre Israël et la réaction désastreuse de l'armée israélienne. Il ne peut être d'aucun intérêt que le droit international soit davantage remis en question et délégitimé. Nous serions alors lâchés dans le vide, partout sur la planète», a-t-elle averti.

Faire entendre sa voix

Elle a ensuite appelé les militant·e·x·s présent·e·x·s à l'Assemblée générale à continuer à faire entendre leur voix et à s'engager en tant qu'ambassadeur·rice·x·s d'Amnesty pour les droits humains. Elle a évoqué les succès du travail de la section en matière de droits humains au cours de l'année dernière, par exemple en ce qui concerne la protection des personnes dans les zones de conflit. 

Rebecca Allensbach de Human Rights Relief a rappelé le souvenir de la défunte Marta Fotsch, une militante suisse des droits humains de la première heure, et de son travail en faveur des personnes menacées en Colombie. Elle a souligné l'importance de l'aide d'urgence d'Amnesty pour les personnes en danger, grâce à laquelle plus de 7900 personnes et leurs familles ont pu être protégées de la persécution et de la violence l'année dernière. 

«La grande force d'Amnesty réside dans son ancrage à la fois local et international», a déclaré la coprésidente Maria Mbiti. Elle insisté sur la nécessité de renforcer les ressources financières des sections du Sud mondial, qui sont confrontées aux violations des droits humains les plus graves. Une motion internationale pour une répartition plus équitable des fonds entre les sections d'Amnesty aura de grandes répercussions, y compris sur la section suisse.

Dans une résolution, les membres de la section suisse d'Amnesty International ont appelé la Suisse à s'engager en faveur du droit international humanitaire et contre la guerre à Gaza en se rangeant sans réserve derrière le droit pénal international et la Cour pénale internationale.

Pour une égalité de fait 

Une deuxième résolution a été consacrée au thème central de l'Assemblée générale, l'engagement pour une inclusion et une égalité concrêtes. Les membres d'Amnesty Suisse ont appelé à ce que la collecte de signatures, qui est en cours en collaboration avec nos partenaires et organisations alliées, aboutisse d'ici fin juin, afin que les électeurs suisses puissent se prononcer et imposer l'égalité pour les personnes avec handicap.

A l’occasion d'une table ronde en public, des expert·e·x·s ont discuté de l’importance de l'initiative pour l'inclusion. Ce qui est déjà inscrit depuis 10 ans dans la Convention de l'ONU relative aux droits des personnes avec handicap doit désormais être ancré dans la Constitution fédérale et être mis en œuvre. «Il faut un changement fondamental dans la manière de traiter les personnes avec handicap», a notamment déclaré Markus Schefer, membre du comité directeur de l'Association pour une Suisse inclusive et membre du Comité des Nations unies pour les droits des personnes avec handicap. Selon lui, l'imaginaire qui veut que la Suisse soit déjà très avancée en matière d'inclusion empêche le politique d’en saisir les réels enjeux et de les aborder efficacement.

«De nombreuses personnes s'engagent au niveau individuel pour les personnes avec handicap. Mais le système éducatif, les aides sociales et la politique ne sont pas adaptés à l'inclusion», a ajouté Karin Huber, membre du comité de l'initiative pour l'inclusion et du comité directeur du réseau Avanti. «Beaucoup de gens ne réalisent pas qu'au moins une personne sur cinq en Suisse vit avec un handicap et ne peut pas gérer son quotidien sans obstacles», a pour sa part déclaré Sébastien Kessler, député au Grand Conseil du canton de Vaud. 

Tous les participants au débat ont plaidé pour une meilleure visibilisation des personnes avec handicap. «Nombreux sont ceux qui ne sont pas conscients des difficultés auxquelles ils doivent faire face au quotidien, notamment lorsque le handicap n'est pas visible au premier coup d'œil», a déclaré Hadja Fatim Marca-Kaba, membre du comité directeur de l'Initiative Inclusion et membre du comité directeur d'Agile. « Avec l'initiative Inclusion, je veux m'engager pour que tout le monde ait un accès égal, par exemple aux offres culturelles et sociales ». 

Dans le cadre d'un atelier, les personnes présentes ont ensuite discuté de stratégies visant à faire progresser l'égalité concrêtement. D’autres ateliers ont en outre été organisés par des activistes sur la responsabilité des entreprises et la question de la désobéissance civile.