Conformément à sa Constitution, l'engagement en faveur du respect des droits humains est une composante essentielle de la politique étrangère de la Suisse. Sa stratégie en la matière suppose que la Suisse s'engage en particulier pour l'abolition de la peine de mort, pour la défense de la liberté d'expression –qui inclut la liberté de manifester–, pour les droits des femmes et pour la protection des minorités. Depuis le début du mandat du président Trump, ces droits fondamentaux sont mis à mal, de façon répétée et à un rythme soutenu. Dans ses relations avec les États-Unis, la Suisse devrait aujourd'hui monter au front pour défendre les droits humains de manière d'autant plus visible et efficace.
Au vu des réductions massives de l'aide américaine dans le monde entier, notamment dans les zones de conflit et de crise, tous les États qui, comme la Suisse, mettent l'accent sur l'humanité, sont désormais appelés à agir. Compte tenu de la nouvelle situation, la Suisse devrait donc urgemment reconsidérer les coupes massives dans la coopération au développement –qui au passage affaiblissent également la Genève internationale. Elle devrait s'assurer qu'elle met suffisamment de fonds à disposition pour remplir de manière adéquate sa mission qui consiste à protéger les droits humains et l'État de droit.
La nouvelle administration américaine surfe sur les tendances autocratiques existantes pour faire progresser le démantèlement des droits humains dans le monde entier. Dans le but de servir ses propres intérêts économiques et géopolitiques, l'administration Trump met en péril l'ordre mondial basé sur des valeurs et des règles. Une situation qui exige une réaction immédiate et courageuse de tous les États qui ont à cœur un «ordre international juste et pacifique».
Amnesty International attend de la Suisse qu'elle :
- joue un rôle de pionnière dans la garantie d'un ordre international fondé non pas sur la loi du plus fort, mais sur la protection des droits humains et du droit international. Pour ce faire, elle devrait utiliser tout le potentiel de sa présidence du Conseil des droits de l'homme de l'ONU et du Forum international sur les migrations, ainsi que de sa prochaine présidence de l'OSCE l'année prochaine ;
- s'engage explicitement et visiblement pour la promotion des droits humains, au lieu de les déprécier dans une prétendue pesée d'intérêts au détriment de la sécurisation de ses relations commerciales. Le Conseil fédéral devrait faire de la protection des droits humains un critère important dans toutes ses décisions et actions ;
- utilise les canaux bilatéraux et multilatéraux pour inciter les États-Unis à abolir la peine de mort, à défendre la liberté d'expression et l'égalité des genres, ainsi qu'à protéger les minorités, notamment les demandeur·euse·x·s d'asile, les membres de la communauté LGBTQIA+ et les personnes BIPoC ;
- consulte la société civile et la place au cœur de ses décisions de politique étrangère, que ce soit aux États-Unis, en Ukraine, à Gaza ou dans d'autres zones de conflit et de crise où la Suisse s'engage pour la paix, la sécurité et le respect du droit international ;
- s'engage explicitement et activement pour la défense et le renforcement des instances multilatérales, notamment le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, les tribunaux internationaux comme la Cour pénale internationale ou l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ;
- reconsidère les coupes budgétaires récemment décidées dans le domaine de la coopération au développement et mette à disposition des moyens suffisants pour remplir de manière adéquate son mandat constitutionnel en la matière et pour protéger la «Genève internationale».
Amnesty International Suisse a exprimé ces attentes auprès des autorités suisses.