Dans de trop nombreux pays, lorsque l’on est lesbienne, gay, transgenre, intersexe et en questionnement ou queer (LGBTQIA+), on s’expose à des discriminations quotidiennes. Cette discrimination peut être fondée sur l’orientation sexuelle (les personnes pour lesquelles on éprouve de l’attirance), l’identité de genre (la façon dont on se définit, quel que soit le sexe biologique), l’expression de genre (la façon dont on exprime son genre par son habillement, sa coiffure ou son maquillage) ou les caractéristiques sexuelles (par exemple, les parties génitales, les chromosomes, les organes reproductifs ou les niveaux d’hormones).
Qu’il s’agisse d’insultes, de harcèlement, mais aussi du fait de se voir refuser un emploi ou des soins de santé adéquats, les différentes inégalités de traitement sont considérables et préjudiciables. Elles peuvent aussi mettre la vie des personnes en danger.
Trop souvent, des personnes LGBTQIA+ sont harcelées dans la rue, rouées de coups et parfois tuées, uniquement en raison de leur identité. De nombreuses personnes intersexuées à travers le monde sont contraintes de subir des opérations chirurgicales dangereuses, invasives et complètement inutiles, qui peuvent avoir des effets secondaires physiques et psychologiques à vie.
Parfois, l’hostilité à l’égard des personnes LGBTQIA+ est entretenue par les gouvernements eux-mêmes, alors que leur rôle est de les protéger. Les relations homosexuelles sont érigées en infraction dans 70 pays et sont passibles de la peine de mort dans neuf d’entre eux, dont l’Arabie saoudite, l’Iran, le Soudan et le Yémen. Et même lorsque ces lois restrictives ne sont pas appliquées dans les faits, leur existence renforce à elle seule les préjugés contre les personnes LGBTIQ+, en leur donnant l’impression de ne pas être protégées contre le harcèlement, le chantage et la violence.
Comment lutte-t-on contre cette discrimination ?
Les militant·e·s LGBTQIA+ surmontent d’énormes difficultés et mettent leur propre sécurité en danger pour dénoncer les atteintes aux droits humains des personnes LGBTQIA+ et faire en sorte que les lois qui les discriminent changent. En lançant le concept de marche des fiertés ou encore des journées de prise de conscience mondiale comme la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (également appelée IDAHOTB), les personnes LGBTIQ+ établissent des alliances et affirment dans le monde entier qu’elles sont fières de leur identité. Les efforts collectifs d’organisations militantes à travers le monde ont réellement porté leurs fruits. Aujourd’hui, au moins 43 pays reconnaissent les crimes homophobes comme une forme de crime inspiré par la haine. En 2021, 28 pays avaient légalisé le mariage entre personnes de même sexe, parmi lesquels l’Argentine, le Canada, l’Irlande, Malte, l’Afrique du Sud et l’Uruguay.
Que fait Amnesty International pour défendre les droits des LGBTQIA+ ?
Nous sommes déterminé·e·s à nous opposer à la discrimination contre les personnes LGBTQIA+ dans le monde. Nous formulons des recommandations aux gouvernements et à d’autres personnalités influentes afin qu’ils améliorent les lois et protègent les droits des personnes, quelles que soient leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
Après une campagne mondiale d’Amnesty International, la plus haute juridiction de Taiwan a jugé que l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe était anticonstitutionnelle. En mai 2019, Taiwan a officiellement reconnu le mariage entre personnes de même sexe, une première en Asie. Dans d’autres domaines, notre travail a fortement influencé l’adoption de nouvelles lois autorisant la reconnaissance légale par le gouvernement du véritable genre des personnes, en Grèce, au Danemark et en Norvège. Récemment, l’organisation a dénoncé l’adoption d’une loi homophobe et transphobe en Hongrie.
Bien que le mouvement LGBTQIA+ ait fait des progrès indiscutables, il reste encore beaucoup à faire. Amnesty International aide des militant·e·s du monde entier à créer des ressources sur divers problèmes qui affectent les personnes LGBTQIA+, comme un kit de plaidoyer qui peut être utilisé pour combattre la discrimination en Afrique subsaharienne, ou la série Body Politics, qui vise à mieux sensibiliser à la criminalisation de la sexualité et de la procréation.
6 réponses à des questions souvent posées sur les notions LGBTQIA+
Pourquoi les droits des LGBTQIA+ sont-ils importants ?
Chacun devrait pouvoir être fier de ce qu’il est et des personnes qu’il aime. Nous avons tous·tes le droit à l'autodétermination personnelle et à la reconnaissance devant la loi. Nous devons pouvoir exprimer librement notre identité sans craindre la discrimination. L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (qui définit pour la première fois les droits reconnus à chacun) protège le droit de s’exprimer librement.
Mettre fin à l’homophobie et à la transphobie permettra de sauver des vies. Le harcèlement contre les LGBTQIA+ expose les personnes qui se considèrent comme telles à un risque accru de préjudice physique et psychologique. Toute personne a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité.
Accepter les personnes LGBTQIA+ et comprendre leur identité permet d’apprendre à supprimer de nombreux obstacles imposés par les stéréotypes de genre. En définissant et en limitant la façon dont chacun devrait vivre sa vie, ces stéréotypes sont nocifs pour toute la société. S’ils sont supprimés, chacun pourra alors être libre de se réaliser pleinement, sans contraintes sociales discriminatoires.
Les personnes LGBTQIA+, et particulièrement les personnes transgenres et celles qui ne se conforment pas à la norme de leur genre, risquent souvent d’être victimes d’exclusion économique et sociale. En luttant pour des lois plus soucieuses de n’exclure personne, quelles que soient les orientations sexuelles et identités de genre, chacun pourra accéder à ses droits à la santé, à l’éducation, au logement et à l’emploi.
Où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont-elles érigées en infraction ?
Avoir une relation sexuelle avec une personne de même sexe est illégal dans 70 pays. Au Bangladesh, à la Barbade, au Guyana, en Ouganda, en Sierra Leone, au Qatar et en Zambie, vous risqueriez la prison à perpétuité. Neuf pays punissent l’homosexualité de la peine capitale : l’Afghanistan, l’Arabie saoudite, Brunéi, l’Iran, l’Irak, la Mauritanie, le Pakistan, le Soudan et le Yémen.
Qu’est-ce que la marche des fiertés ?
La marche des fiertés peut prendre de nombreuses formes différentes, par exemple des carnavals, des projections de films ou des débats. Ce moment de fête célèbre les personnes qui sont marginalisées à cause de définitions strictes des notions de masculinité et de féminité. Des événements ont lieu à différents moments de l’année, selon les régions du monde. En Amérique et en Europe, la saison commence généralement en juin, tandis que les marches des fiertés sont organisées entre février et mars en Afrique du Sud. Quel que soit l’événement, c’est l’occasion pour les personnes LGBTQIA+ de montrer qu’elles assument leur identité et en sont fières. Les marches des fiertés sont interdites dans plusieurs pays du monde, notamment en Russie, en Arabie saoudite, en Ouganda et, plus récemment, en Turquie. Ces événements célèbrent le mouvement LGBTQIA+ dans toute sa diversité et donnent de l’ampleur aux appels à respecter et à protéger les droits des personnes LGBTQIA+.
Qu’est-ce que l’orientation sexuelle ?
L’orientation sexuelle de quelqu’un fait référence aux personnes qui l’attirent et avec lesquelles il ou elle a des relations. L’orientation sexuelle est personnelle et chacun peut décider, s’il le souhaite, comment la définir. Chez certaines personnes, elle change avec le temps.
On peut citer les orientations sexuelles suivantes : lesbienne (les femmes attirées par les femmes), gay (en général, les hommes attirés par d’autres hommes), bisexuelle (l’attirance pour les hommes et les femmes), pansexuelle (l’attirance pour des personnes, quel que soit leur genre), asexuelle (aucune attirance sexuelle).
Et qu'entend-on par identité de genre ?
L'identité de genre est la conviction intime qu'a une personne de son genre. Cette perception de soi peut s'écarter des caractéristiques sexuelles biologiques ainsi que de la perception sociale. Chaque personne devrait pouvoir déterminer sa propre expression de genre et vivre son identité sans crainte de discrimination.
Les personnes qui s'identifient au genre qui leur a été attribué à la naissance sont appelées personnes cis. Les personnes transgenres ne s'identifient pas ou ne s'identifient pas exclusivement au genre qui leur a été assigné. Certaines personnes ne s'identifient ni (exclusivement) comme homme ni (exclusivement) comme femme et/ou rejettent la réduction de la diversité des genres à ces deux catégories. Ces personnes se décrivent comme non binaires.
Certaines personnes trans décident de suivre un processus de transition –
social et/ou médical, qui leur permet de vivre leur vie selon leur véritable genre. Les processus de transition peuvent prendre différentes formes. Certaines personnes adoptent de nouveaux pronoms, changent de nom, demandent un changement d’état civil et/ou subissent des opérations chirurgicales d’affirmation sexuelle ou des traitements hormonaux.
Le fait d’être transgenre n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle. Un homme trans peut être gay et une femme trans peut être lesbienne.
Où les personnes transgenres peuvent-elles faire reconnaître leur genre à l’état civil ?
Dans certains pays, les personnes transgenres peuvent obtenir la modification de leur état civil. Cependant, dans la plupart des cas, elles doivent se soumettre à des processus humiliants, notamment un diagnostic psychiatrique et une stérilisation irréversible, des actes qui bafouent leurs droits humains. Dans sept pays seulement, ces procédures n’existent pas. Les voici : l’Argentine, la Belgique, la Colombie, le Danemark, l’Irlande, Malte et la Norvège.
Que signifie « intersexe » ?
On dit d’une personne qu’elle est intersexe lorsqu’elle est née avec des caractéristiques sexuelles différentes de ce que l’on considère généralement comme « féminin » ou « masculin ». Par exemple, chez certaines personnes, le corps peut présenter des caractéristiques à la fois masculines et féminines. Il arrive également que l’arrangement des chromosomes d’une personne ne soit ni typiquement masculin ni typiquement féminin. Ces caractéristiques peuvent être présentes à la naissance ou devenir plus visibles pendant ou après la puberté.
De nombreuses personnes intersexes subissent des opérations chirurgicales de « normalisation » invasives, non urgentes et irréversibles, le plus souvent lorsqu’elles sont enfants, mais parfois plus tard. Ces interventions ne sont généralement pas indiquées médicalement, mais résultent de la pression sociale exercée pour inciter à se conformer aux stéréotypes de genre courants. Ces procédures peuvent laisser des séquelles physiques et mentales dévastatrices à long terme.