Initiative ECOPOP Combattre la pauvreté, pas les pauvres

14 novembre 2014
Par ses revendications, l’initiative «Ecopop» s’attaque d’une manière dangereuse à la lutte contre la pauvreté: selon les initiants, le problème ne réside pas dans les causes de la pauvreté, qui pousse les gens à migrer, mais dans le nombre de pauvres qui arrivent en Suisse. Voici une raison parmi d’autres de dire NON à cette initiative.

Le texte de l’initiative «Ecopop» ne contient à priori aucune exigence légale contraire aux droits humains. Sa mise en œuvre est toutefois susceptible d’entraîner des mesures discriminatoires et contraires aux droits humains. Les droits des réfugié·e·s qui viendraient demander l’asile en Suisse pourraient être limités, et la politique suisse en matière de développement serait tenue de prendre des mesures qui s’opposeraient diamétralement à son long engagement dans le combat contre la pauvreté et en faveur du renforcement des droits des femmes.

Selon «Ecopop», le problème de la pauvreté ne réside pas dans les causes de celle-ci, mais dans le nombre de pauvres. Amnesty s’engage également au niveau mondial contre la pauvreté. Cette lutte doit cependant débuter par la reconnaissance des droits humains fondamentaux de chaque personne. Il faut combattre les discriminations, l’inégalité dans l’accès aux ressources, la violence et la répression contre les groupes défavorisés. Il faut lutter en faveur des droits les plus fondamentaux, notamment celui de disposer d’un toit au-dessus de sa tête, de bénéficier de soins médicaux et d’une éducation de base.

Amnesty International, s’engage pour que chacun et chacune puisse vivre dans la dignité.

Les droits des réfugié·e·s en danger

«Ecopop» demande une limitation stricte de l’immigration à 0,2% de la population résidente.Du point de vue de la protection des droits humains, cette exigence comporte le risque que des personnes ayant besoin de protection – notamment les réfugié·e·s – se voient refuser l’accès à notre territoire ou s’en fassent expulser, peut-être en violation du principe de non-refoulement, qui fait partie du droit international contraignant.

Pour les droits sexuels et reproductifs

L’initiative demande que 10% au moins de l’argent investi par la Suisse dans l’aide au développement soit consacré à des mesures encourageant la «planification familiale volontaire», c’est-à-dire à des mesures contraceptives.

Il n'existe pas de «droit au planning familial» et il s’agit bien plus de renforcer les droits sexuels et reproductifs de chaque personne, en particulier des femmes qui, aujourd’hui encore et dans bien des régions du monde, sont mis sous pression. C’est pour ces droits qu’Amnesty s’engage actuellement avec sa campagne  «My Body, My Rights».

Renforcer les droits sexuels et reproductifs des femmes signifie pas que le Nord global – avec sa longue tradition de paternalisme dans le domaine du contrôle des naissances – a le droit d’imposer aux femmes du Sud d’avoir moins d’enfants. La revendication et la garantie des droits sexuels et reproductifs passent au contraire par une approche beaucoup plus globale. Chaque femme a non seulement le droit de décider elle-même du nombre de ses enfants, mais également de bénéficier d’une éducation sexuelle complète, de prestations satisfaisantes et accessibles en matière de santé et naturellement de mesures contre la violence sexuelle.