Le nombre de personnes qui ont fui les pays d’Amérique centrale en direction du Nord s’est fortement accru ces dernières années. Un indice de la dégradation de la situation des droits humains © Amnesty International
Le nombre de personnes qui ont fui les pays d’Amérique centrale en direction du Nord s’est fortement accru ces dernières années. Un indice de la dégradation de la situation des droits humains © Amnesty International

Coopération Internationale 2021 - 2024 La Suisse ne doit pas se retirer d'Amérique Latine

23 août 2019
Dans sa prise de position sur le projet de coopération internationale 2021-2024, la Section suisse d’Amnesty International critique en particulier le retrait des programmes bilatéraux en Amérique latine. Cette décision peut entraîner de graves conséquences pour cette région dans laquelle les droits humains sont en crise. Elle met en péril la durabilité des projets en cours et qui visent justement à renforcer l'État de droit.

La section suisse d'Amnesty International est préoccupée par le fait que l'analyse des besoins, l'orientation et l'utilisation des ressources de la Coopération internationale Suisse ne sont pas principalement orientées vers les objectifs de lutte contre la pauvreté et les besoins et de promotion des droits humains énoncés à l'article 54 de la Constitution fédérale pour "les affaires étrangères".

Amnesty International rappelle que, ces dernières années, la Suisse a réussi à accroitre son soutien à la lutte contre la corruption et l'impunité ainsi qu'au renforcement des droits humains en Amérique centrale. Cet engagement doit se poursuivre au-delà de 2024 afin de permettre un maintien durable et efficace de l'engagement de la Suisse en faveur des droits humains en Amérique centrale et d'apporter une contribution substantielle au renforcement de l'Etat de droit dans cette région.

Dans ce but, des ressources financières et une présence locale appropriées doivent être garanties. En ce qui concerne le budget, Amnesty rappelle que, selon l'Agenda 2030, un quota de 0,7% constitue la référence appropriée.

Conclusions

Le retrait de la DDC d'Amérique latine et centrale nous semble non seulement une perte amère d'expertise et de soutien dont elles ont un besoin urgent, mais aussi un signal politique erroné de la part de la Suisse. Actuellement, de nombreux États se concentrent de plus en plus sur leurs intérêts nationaux et se retirent des organismes et accords internationaux. Le retrait de la DDC de tout un continent, justifié par les intérêts de la politique économique et migratoire de la Suisse, s'inscrit dans cette tendance préoccupante au niveau mondial.

La confiance en la Suisse en tant qu'acteur crédible sur le plan international, qui s'est construite au fil des décennies, ne peut être maintenue que si la Suisse continue à se concentrer en priorité sur les besoins de la population locale. La poursuite de ses propres intérêts ne doit pas remettre cette confiance en question.

La prise de position complète (uniquement en allemand) peut être téléchargée ici.