Turkmenistan Militant écologiste libéré

5 mars 2007
Andreï Zatoka a été libéré le 31 janvier 2007. Son arrestation était vraisemblablement destinée à le punir d'avoir mené à bien des activités pacifiques de défenseur de l'environnement.

Andrei Zatoka © Privé Andrei Zatoka © Privé

Le 31 janvier, le tribunal municipal de Dachogouz a condamné Andreï Zatoka à trois ans d'emprisonnement avec sursis, et ordonné sa remise en liberté immédiate. Le militant écologiste et les personnes qui le soutiennent sont reconnaissants envers les membres du Réseau Actions urgentes qui ont envoyé des appels en sa faveur.

Andreï Zatoka avait été appréhendé le 17 décembre 2006 par des représentants de la police locale à l'aéroport de sa ville, Dachogouz, située près de la frontière ouzbèke. Il s'apprêtait à prendre un avion pour la capitale, Achgabat, avant de se rendre à Moscou le lendemain pour y rejoindre des membres de l'International Social and Ecological Union (Union sociale et écologique internationale) et passer ses vacances avec sa famille en Russie. Après avoir été arrêté, il est parvenu à envoyer un SMS à ses collègues pour les informer qu'il avait «des problèmes» et besoin d'aide.

Il semblerait qu'il ait été d'abord appréhendé pour avoir, soi-disant, porté atteinte à l'ordre public. Les origines de cette accusation n'ont pas été clairement établies. D'après certaines sources, son arrestation était destinée à le punir d'avoir mené à bien ses activités pacifiques de défenseur de l'environnement. Le 27 janvier, Amnesty International a appris qu'il devait répondre de quatre chefs d'inculpation, dont l'acquisition ou la détention illicite d'armes ou d'explosifs, et la diffusion illicite de substances actives ou toxiques. Ces infractions sont passibles d'une peine de dix-neuf ans d'emprisonnement.

À la fin du mois de décembre, des représentants de la section de Dachogouz du ministère de la Sécurité nationale auraient fouillé son appartement et emporté du matériel technique, notamment son ordinateur.

Andreï Zatoka a la double nationalité russe et turkmène. En 1982, il a quitté la Fédération de Russie pour s'installer avec sa famille au Turkménistan et a travaillé dans le parc national de Kaplankyr jusqu'à 1992. Il est membre du conseil de l'International Social and Ecological Union (Union sociale et écologique internationale), une organisation réunissant plus de 340 groupes écologistes, établis principalement dans les pays de l'ancienne Union soviétique. Au Turkménistan, il a partagé la présidence d'un groupe de défense de l'environnement, le Club écologique de Dachogouz (CED), qui existe depuis décembre 1992, mais a été fermé en 2003 dans le cadre de mesures restrictives prises par le gouvernement envers les organisations non gouvernementales (ONG).

Informations générales

Amnesty International est gravement préoccupée par les atteintes aux droits civils, politiques, sociaux, économiques et culturels perpétrées de manière systématique au Turkménistan.

Les autorités de ce pays sont réputées pour leurs coups de filets visant les dissidents, y compris certains militants de la société civile. Malgré les obligations qui incombent au Turkménistan aux termes du droit international relatif aux droits humains, et notamment celle de garantir la liberté d'expression et d'association, conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) auquel cet État est partie, les autorités appliquent des mesures extrêmement restrictives à l'encontre des militants de la société civile et ont interrompu définitivement les activités de la plupart des ONG. Des responsables politiques de l'opposition sont contraints à l'exil ou risquent d'être emprisonnés et persécutés, et aucun parti politique indépendant ne peut agir en toute liberté au Turkménistan.

Les militants de la société civile sont régulièrement soumis à des interrogatoires et à d'autres formes de harcèlement par les autorités. Certains sont victimes de torture ou d'autres formes de mauvais traitements, d'arrestations arbitraires ou d'emprisonnement. Ces dernières années, la pression s'est accrue sur ces militants et a obligé plusieurs d'entre eux à s'exiler.

Selon des sources officielles, le président Saparmourad Niazov est mort d'un arrêt cardiaque le 21 décembre 2006. Élu pour une durée indéterminée, il a dominé tous les aspects de la vie du pays et la subordination des pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif au président ont lourdement entravé la lutte contre l'impunité ou les violations systématiques des droits fondamentaux. Le 21 décembre, le Conseil de sécurité de l'État et le Conseil des ministres du Turkménistan ont nommé le vice-Premier ministre et ministre de la Santé et des Industries médicales, Gurbankuly Berdymukhammedov, au poste de président par intérim. Aux termes de la Constitution, les pouvoirs du président auraient dû être transférés au président du Majlis (Parlement). Cependant, ce dernier, Ovezgeldy Atayev, a été renvoyé le même jour et il aurait été inculpé d'une infraction pénale. Le 26 décembre, le Khalk Maslakhati (Conseil du peuple) a approuvé la désignation de six candidats, dont Gurbankuly Berdymukhammedov, pour les élections présidentielles qui doivent avoir lieu le 11 février 2007. Les candidats nommés par les groupes d'opposition exilés n'ont pas été inclus dans cette liste.