Lors d'une récente manifestation publique, le Premier ministre a comparé l'avortement à un meurtre et a demandé au ministre de la Santé de faire adopter une nouvelle loi en la matière, plus restrictive.
L'avortement est autorisé en Turquie depuis 1983. Les femmes peuvent décider d'interrompre leur grossesse durant les 10 premières semaines de celle-ci. Passé ce délai, l'avortement ne peut intervenir légalement que dans les cas où la vie ou la santé de la femme enceinte sont en jeu, ou lorsqu'il y a malformation du fœtus.
Santé maternelle mise en danger
Restreindre l'accès à l'avortement va à l'encontre de l'intérêt médical et met la vie et la santé des femmes turques en danger. Celles qui ont besoin d'avorter devront en effet se tourner vers des solutions illégales, et donc généralement dangereuses. Pour l'Organisation mondiale de la santé, plus la législation sur l'avortement est restrictive, plus l'avortement est susceptible d'être dangereux et d'entraîner la mort.
Restreindre l'accès à l'avortement et priver les femmes de la possibilité d'interrompre leur grossesse dans la légalité et en toute sécurité constitue aussi une violation des droits fondamentaux des femmes garantis dans de nombreux instruments internationaux contraignants. La Turquie est partie à plusieurs traités internationaux relatifs aux droits humains – notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes – qui garantissent tout un éventail de droits fondamentaux liés intrinsèquement à la possibilité pour chaque femme de décider si elle veut être mère, à quel moment, avec quel partenaire et combien de fois dans sa vie. Les organes d'experts des Nations unies habilités par les États à interpréter ces traités ont à plusieurs reprises demandé que les femmes et les adolescentes aient accès à un ensemble de services de santé sexuelle et de santé reproductive, y compris, lorsque nécessaire, à l'avortement.
Amnesty International demande au gouvernement turc de faire en sorte que les droits fondamentaux des femmes soient pleinement protégés et qu'aucune mesure restreignant l'accès des femmes à un service d'avortement sûr et légal ne soit mise en place.