Mercredi 12 juin, Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, a déclaré: «Nous n’avons pour l’instant pas répondu à la violence par la violence. Dorénavant, les forces de sécurité réagiront différemment.» Andrew Gardner, spécialiste de la Turquie à Amnesty International, qui se trouve actuellement à Istanbul, a réagi dans les termes suivants: «La déclaration scandaleuse du Premier ministre Erdogan a tout d’une provocation. Elle ne mènera sans doute à rien d’autre que davantage de violence, sur la place Taksim et ailleurs. Il est grand temps que la communauté internationale, et en particulier les pays de l’Union européenne, intervienne en demandant au gouvernement truc de nouer un véritable dialogue avec les manifestants afin de décrisper la situation et de mettre fin aux violences affligeantes dont nous avons été témoins ces deux dernières semaines.»
«Les manifestations de la place Taksim et du parc Gezi sont totalement pacifiques et ont le droit de se poursuivre, a poursuivi Andrew Gardner. Les autorités ne doivent intervenir que pour des raisons légitimes – vouloir enlever quelques banderoles n'est tout simplement pas un motif suffisant».
Amnesty International a aussi appris que quelque 72 avocats avaient été arrêtés vers midi heure locale alors qu'ils se rassemblaient au tribunal de Çaðlayan pour faire une déclaration sur la situation dans le parc Gezi. D'abord retenus à l'intérieur du tribunal, ils ont ensuite été conduits au poste de police de la rue Vatan.
La violence s‘intensifie
Mardi 11 juin, la police antiémeute a une nouvelle fois utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre les manifestants. Cette nouvelle intervention policière contre les manifestants va à l'encontre des déclarations du gouverneur d'Istanbul, qui avait affirmé le matin même que les forces de l'ordre n'interviendraient pas dans le parc. Des milliers de blessés ont déjà été signalés depuis le le début des manifestations, il y a environ deux semaines.
Par ailleurs, jusqu'à présent, trois personnes seraient mortes à Istanbul: une victime du recours excessif à la force et deux, dont un policier, tuées dans des accidents. Les autorités turques n’ont jusqu’à présent enquêté sur aucune des violations signalées et personne n’a été déféré à la justice. «Au lieu de continuer à réprimer les manifestations pacifiques, les autorités turques feraient mieux de s'intéresser au comportement de leur police et de traduire en justice les responsables des violations scandaleuses constatées ces dernières semaines», a déclaré Andrew Gardner, spécialiste de la Turquie à Amnesty International qui se trouve actuelement à Istanbul.
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