Turquie Mettre fin à l'utilisation abusive de la force

3 juin 2013
Le nombre de militants qui ont été blessés à travers la Turquie du fait de l'utilisation abusive de la force par la police continuera à augmenter tant que les autorités n'auront pas pris des mesures pour que les méthodes policières soient conformes aux normes fondamentales en matière de droits humains.

Pour la troisième journée, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes dont Ankara, Istanbul et Izmir, où la police a riposté avec une violence sans précédent. Les autorités n'ont pas confirmé le nombre des blessés, qui s'élèverait à plusieurs milliers. Certains sont toujours hospitalisés dans un état critique.

«Trois jours après le début d'une répression policière jusqu'alors inégalée contre les manifestants, les autorités turques n'ont guère exprimé de regrets et n'ont fait état d'aucun changement dans les méthodes de la police», a indiqué John Dalhuisen, le directeur du Programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International.

«Il est fondamental que les autorités turques fassent cesser la violence policière et qu'elles en tirent des leçons pour le maintien de l'ordre lors de mouvements de contestation futurs. Il leur appartient aussi de publier une liste complète des personnes blessées à l'issue des manifestations et de la nature de leurs blessures, et de veiller à ce que les responsables soient tenus de rendre compte de leurs actes.»

Ce 3 juin, la police a continué à faire usage de la force contre des manifestants pourtant pacifiques : une force excessive aurait été utilisée contre des centaines d'entre eux dans la capitale, Ankara.

Un nombre alarmant de blessés

L'Union des médecins de Turquie a informé Amnesty International que jusqu'à 1 500 personnes, blessées lors des opérations policières contre les manifestations, ont été soignées dans plusieurs hôpitaux d'Istanbul ces deux derniers jours. Deux d'entre eux se trouvent entre la vie et la mort et cinq sont toujours dans les services de soins intensifs. Des informations antérieures, selon lesquelles au moins deux manifestants seraient morts après avoir participé à des mouvements de protestation à Istanbul, le 1er juin, se sont révélées sans fondement.

À Ankara, au moins 414 manifestants auraient été blessés, dont 15 grièvement.

D'après des informations fournies par l'association des médecins d'Izmir, au cours des deux derniers jours 420 blessés ont été admis dans les hôpitaux de l'ouest de la ville. L'association a signalé que nombre des blessures avaient été occasionnées lorsque la police a fait usage de canons à eau et lancé des grenades lacrymogènes sur la foule. Elle craint que de nombreuses personnes n'aient perdu la vue du fait de ces méthodes policières.

«Il n'y a pas lieu d'utiliser des canons à eau ni des gaz lacrymogènes contre des manifestants pacifiques. Il est particulièrement préoccupant que des gaz lacrymogènes soient utilisés dans des espaces confinés, où ils sont très dangereux pour la santé», a déclaré Dalhuisen.

«Les autorités doivent veiller à ce que, lors d'une manifestation violente, la police n'intervienne que lorsque cela est strictement nécessaire pour protéger les personnes et les biens, conformément aux dispositions des normes internationales relatives aux droits humains. Amnesty International prie également les manifestants de ne pas se livrer à la violence.»

Amnesty International invite les autorités turques à ouvrir rapidement des enquêtes indépendantes et impartiales sur les opérations de maintien de l'ordre menées au cours de ces manifestations, et à en rendre les résultats publics.