Quatre-vingt-neuf journalistes se sont vu décerner un mandat d’arrêt ; plus de 40 ont déjà été arrêtés et d’autres sont entrés dans la clandestinité. Le second décret pris au titre de l’état d’urgence, le 27 juillet 2016, a entraîné la fermeture de 131 médias et maisons d’édition.
Réduire au silence les voix dissidentes
«L’interpellation de journalistes en grand nombre et la fermeture de plusieurs médias constituent une attaque contre un secteur déjà affaibli par des années de répression. Ce second décret laisse peu de doute quant au fait que les autorités entendent réduire au silence les voix dissidentes, au mépris du droit international, a déclaré Fotis Filippou, directeur adjoint du programme Europe d’Amnesty International.
«Même dans le cadre de l’état d’urgence, les restrictions doivent être nécessaires et proportionnées, et servir un but légitime. Or, les dispositions des deux décrets pris au cours de la semaine du 25 juillet 2016 sont contraires à ces trois principes et contredisent totalement les déclarations des autorités, qui prétendent respecter les droits et la primauté du droit.»
Détenus torturés
Le premier décret, pris le 23 juillet 2016, a étendu à 30 jours la durée maximale de détention avant inculpation. Amnesty International a révélé des informations crédibles selon lesquelles de nombreux détenus auraient subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements. Par ailleurs, des avocats se sont vu interdire, en violation de la loi, tout contact avec leurs clients détenus.
«Il faut que les autorités traduisent en justice les responsables présumés d’homicides illégaux et d’autres atteintes aux droits humains commis lors de la tentative de coup d’État. Ce faisant, elles sont tenues de respecter le droit à un procès équitable, l’interdiction de la torture et les autres droits humains. La répression accrue de la liberté de la presse n’est pas conforme à ce but et est illégale, a déclaré Fotis Filippou.
«Nous appelons une nouvelle fois les autorités turques à mettre fin à la torture et aux autres formes de mauvais traitements infligées à des détenus et à permettre à des observateurs internationaux de rendre visite à ces personnes sur leur lieu de détention.»