La directrice d’Amnesty International Turquie, Idil Eser, fait partie des dix personnes arrêtées le 5 juillet alors qu’elles participaient à un banal séminaire. Les dix personnes sont soupçonnées d’avoir «commis un crime au nom d'une organisation terroriste sans en être membre». En prison, ils rejoignent Taner Kiliç, le président d’Amnesty International Turquie.
Persécution à caractère politique
«Les procureurs turcs ont eu 12 jours pour établir les faits et se rendre à l’évidence: ces dix militants sont innocents. La décision de les inculper malgré tout prouve que la vérité et la justice ont disparu en Turquie. Il ne s’agit pas là de poursuites légitimes; c’est une persécution à caractère politique qui laisse présager un futur effroyable pour les droits en Turquie», a déclaré le Secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty.
«C’est une persécution à caractère politique qui laisse présager un futur effroyable pour les droits en Turquie.»
- Salil Shetty, Secrétaire général d’Amnesty International
Parmi les accusations absurdes, il y a la tentative de lier Idil Eser à trois organisations terroristes non apparentées et rivales par le biais de son travail pour Amnesty International. La requête du procureur de la placer en détention provisoire, fait référence à deux campagnes d'Amnesty International, dont aucune n'a pourtant été créée par Amnesty Turquie, et dont l'une a été menée avant qu'Idil Eser ne rejoigne l'organisation.
«Aujourd’hui, nous avons découvert que le fait de défendre les droits humains était devenu un crime en Turquie. C’est un moment de vérité, pour la Turquie ainsi que pour la communauté internationale», a déclaré Salil Shetty. «Les dirigeants du monde entier doivent arrêter de tenir leur langue et de se comporter comme si de rien n’était. Ils doivent faire pression sur les autorités turques pour les pousser à abandonner ces charges fallacieuses et à libérer immédiatement et sans conditions les dix d’Istanbul.»
Contexte
Les dix défenseurs des droits humains en détention sont İdil Eser, d'Amnesty International, Günal Kurşun, avocat à la Human Rights Agenda Association, Özlem Dalkıran, de Citizens’ Assembly, Veli Acu, de la Human Rights Agenda Association, Nalan Erkem (Citizens Assembly), İlknur Üstün (Women's Coalition), Nejat Taştan (Equal Rights Watch Association), Şeyhmus Özbekli (Rights Initiative), Ali Gharavi (consultant en stratégie informatique), et Peter Steudtner (formateur en bien-être et en non-violence).
Taner Kiliç a été placé en détention le 6 juin. Il a été inculpé trois jours plus tard d'appartenance à l'«organisation terroriste de Fethullah Gülen» et placé en détention provisoire.
Taner Kiliç a fait partie du bureau exécutif d'Amnesty International Turquie à plusieurs reprises depuis 2002, et il en est le président depuis 2014. Au cours des décennies qu’il a passées à travailler pour des organisations de défense des droits humains en Turquie, il a toujours fait preuve d’un engagement sans équivoque en faveur de la défense de ces droits.