«Nous sommes ravis de cette nouvelle. Cela nous a pris plus d’un an de campagne et de lutte pour en arriver là, mais Taner a finalement été libéré et est de retour, en sécurité, dans les bras de son épouse et de ses filles.. Alors que nous nous réjouissons de cette décision, nos célébrations ne commenceront véritablement que lorsqu'il sera de retour chez lui, en toute sécurité, dans les bras de sa femme et de ses filles» a déclaré Kumi Naidoo, nouveau secrétaire général d’Amnesty International, le jour même de son entrée en fonction.
«Mais sous les sourires de joie et de soulagement, il y aura de la tristesse, de la colère et de la détermination. Le chagrin pour tout ce que Taner a manqué pendant son incarcération. Colère parce que les accusations sans fondement portées contre lui et les 10 d'Istanbul n'ont pas été abandonnées. Et enfin détermination à poursuivre notre lutte pour le respect des droits humains en Turquie et pour la libération de tous les journalistes, défenseurs des droits de l'homme et autres militants injustement emprisonnés dans la répression brutale de la tentative de coup d’État.
«Nous prenons aujourd'hui un moment pour célébrer, mais demain notre lutte continuera, vitalisée par l'exemple donné par Taner lui-même: un homme qui connaît l'importance des droits humains et qui est prêt à consacrer sa vie à les défendre.»
Arrêté trois jours après les «10 d’Istanbul»
Taner Kılıç a été arrêté le 6 juin 2017 et incarcéré trois jours plus tard. Dix autres militants, les «10 d’Istanbul», dont İdil Eser, directrice d’Amnesty International Turquie, ont été arrêtés un mois plus tard pendant qu’ils participaient à un atelier sur les droits humains. Huit ont été détenus pendant près de quatre mois, avant d’être libérés sous caution en octobre.
Toutes ces personnes sont inculpées d’«appartenance à une organisation terroriste», une allégation sans fondement que le ministère public n’a jusqu’à présent étayée par aucun élément susceptible de résister à l’examen.
En décembre 2017, les autorités turques ont reconnu que des milliers de personnes avaient été accusées à tort d’avoir téléchargé ByLock. Elles ont publié des listes contenant 11 480 numéros de téléphone mobile, ce qui a permis à de nombreuses personnes de recouvrer la liberté. Taner Kılıç ne figurait pas sur ces listes. Les experts pensent qu’un plus grand nombre encore de personnes ont été accusées à tort d’avoir téléchargé et utilisé l’application de messagerie.
Plus d’un million de personnes ont signé les appels d’Amnesty International demandant la libération de Taner Kılıç et des autres défenseurs des droits humains concernés depuis leur arrestation, l’été dernier. De très nombreuses personnalités, dont Ai WeiWei, Peter Gabriel et Catherine Deneuve, ont réclamé que Taner soit libéré et que les charges pesant contre lui et les «10 d'Istanbul» soient abandonnées.