Les réseaux sociaux sont l'un des rares espaces en Turquie où les voix dissidentes osent encore s'exprimer. Cela risque bien de changer. ©Amnesty International
Les réseaux sociaux sont l'un des rares espaces en Turquie où les voix dissidentes osent encore s'exprimer. Cela risque bien de changer. ©Amnesty International

Turquie La loi sur les réseaux sociaux menace la liberté d'expression

29 juillet 2020
Le Parlement turc a adopté mercredi un projet de loi qui élargit le contrôle des autorités sur les réseaux sociaux. Un texte controversé qui suscite l'inquiétude des défenseurs et défenseuses de la liberté d'expression.

Suite à l'adoption par les députés turques d'un projet de loi qui imposerait aux plateformes de réseaux sociaux telles que Twitter, Facebook et YouTube de se conformer à des exigences draconiennes, au risque de s’exposer à une réduction de leur débit, à des amendes exorbitantes, voire à des poursuites, Andrew Gardner, chargé de recherches sur la Turquie à Amnesty International, a déclaré :

«Le vote d’aujourd’hui est la dernière attaque en date, et peut-être la plus flagrante, contre la liberté d’expression en Turquie. Des journalistes sont déjà emprisonnés pendant des années en raison de leurs critiques, et les utilisateurs des réseaux sociaux doivent s’autocensurer, de crainte d’offenser les autorités.

«Des journalistes sont déjà emprisonnés pendant des années en raison de leurs critiques, et les utilisateurs des réseaux sociaux doivent s’autocensurer, de crainte d’offenser les autorités.» Andrew Gardner, chargé de recherches sur la Turquie à Amnesty International

«Si elles sont adoptées, ces modifications impliqueraient un renforcement des pouvoirs en matière de censure des contenus en ligne et de poursuites contre les utilisateurs des réseaux sociaux. Cette loi constitue une violation claire du droit à la liberté d’expression en ligne et bafoue le droit international relatif aux droits humains et les normes en la matière.»

Complément d’information

Les modifications proposées de la Loi sur Internet augmentent considérablement le pouvoir du gouvernement de contrôler et censurer les contenus en ligne, ce qui exacerberait les risques auxquels s’exposent les personnes qui sont déjà impitoyablement prises pour cible par les autorités pour avoir simplement exprimé des opinions dissidentes. Les médias indépendants ont en outre presque tous disparu, du fait des fermetures d’organes médiatiques imposées depuis des années par le gouvernement, des poursuites sans fondement de journalistes et des autres formes d’intimidation dont ils font l’objet.