Osman Kavala © Amnesty International
Osman Kavala © Amnesty International

Turquie Coup dévastateur pour les droits humains avec la condamnation d'Osman Kavala

26 avril 2022
Dans le cadre d'un procès motivé par des raisons politiques, l'homme d'affaires et militant des droits humains Osman Kavala a été condamné aujourd'hui à Istanbul à une "peine de prison à vie aggravée" pour une prétendue tentative de renversement de l'État. Amnesty International critique cette décision, qui traduit le manque d'indépendance de la justice turque. Osman Kavala doit être libéré immédiatement.

« Aujourd'hui, nous assistons à une parodie de justice hallucinante. Ce verdict porte un coup dévastateur à Osman Kavala, à ses coaccusés et à leurs familles, mais aussi à tous ceux qui croient en la justice et au militantisme en faveur des droits humains, en Turquie et dans le monde », dénonce Nils Muižnieks, directeur pour l’Europe à Amnesty International.

« La décision du tribunal défie toute logique. Les autorités chargées des poursuites ont à plusieurs reprises omis de fournir des éléments de preuve étayant les accusations sans fondement de tentative de renversement du gouvernement. Ce verdict injuste illustre le fait que le procès du parc Gezi n'est qu'une manœuvre visant à faire taire les voix indépendantes.

« Cette mascarade à caractère politique a déjà abouti à l’incarcération arbitraire d’Osman Kavala pendant plus de quatre ans et demi en raison de ses activités au sein de la société civile. Nous continuons d'appeler à la libération immédiate d'Osman Kavala et de ses coaccusés alors qu'ils font appel de ces jugements draconiens. »

Complément d’information

La cour pénale spéciale n° 13 d'Istanbul a condamné Osman Kavala à la réclusion à perpétuité « aggravée ». À moins que la cour d'appel n'annule ce jugement, Osman Kavala passera le reste de sa vie derrière les barreaux.

Ses sept coaccusés ont été placés en détention. Il s'agit de Mücella Yapıcı, Çiğdem Mater, Hakan Altınay, Mine Özerden, Can Atalay, Tayfun Kahraman et Yiğit Ali Ekmekçi.

En février, le Comité des ministres du Conseil de l'Europe, qui surveille la mise en œuvre des arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme, a renvoyé la Turquie devant la Cour en raison du refus du gouvernement de libérer Osman Kavala, conformément à l'arrêt catégorique de la Cour demandant sa libération immédiate. La Turquie n’est que le deuxième pays à faire l’objet d’une procédure d’infraction pour non-exécution d’un arrêt contraignant de la Cour européenne des droits de l’homme.