Ukraine L’ex-Première ministre doit être libérée

11 octobre 2011
L’ancienne Première ministre de l’Ukraine a été incarcérée mardi 11 octobre 2011. Amnesty International demande sa libération immédiate.

Ioulia Timochenko Ioulia Timochenko. © APGraphics

Ioulia Timochenko a été condamnée à sept ans d’emprisonnement par un tribunal de Kiev pour la signature, en janvier 2009, d’un contrat énergétique d’une valeur correspondant à plusieurs millions de dollars avec la Russie lorsqu’elle était Première ministre.

Cette peine d’emprisonnement est assortie de l’interdiction d’exercer une fonction officielle pendant trois ans.

«Les poursuites engagées contre Ioulia Timochenko ont un caractère politique, a déclaré John Dalhuisen, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. Les charges retenues contre elle ne sont pas reconnues par la loi et visent à transformer en infractions des décisions qu’elle a prises dans le cadre de l’exercice de ses fonctions.»

«Les décisions politiques regrettables - si tel était le cas de celles prises par Ioulia Timochenko - doivent être sanctionnées par les urnes, et non par les tribunaux.  Sa condamnation pour ces chefs d’accusation étant illégitime, Ioulia Timochenko doit être libérée immédiatement.»

Ioulia Timochenko, figure majeure de l’opposition en Ukraine, a été Première ministre de janvier à décembre 2005, puis de décembre 2007 à mars 2010.

La justice ukrainienne n'est pas indépendante

Son procès pour abus de pouvoir après la signature d’un contrat entre la société pétrolière et gazière publique Naftogaz Ukraine et le géant énergétique russe Gazprom s’est ouvert en juin 2011.

Au moment où ce contrat a été signé, Gazprom avait augmenté ses tarifs de 40 % et l’Ukraine était dans une impasse dont elle devait sortir pour faire fasse à la demande énergétique nationale.

Ioulia Timochenko avait alors conclu un contrat avec le président russe Vladimir Poutine, contrat dont l’accusation affirme qu’il a coûté l’équivalent de 194,6 millions de dollars à l’État ukrainien.

Il a également été allégué que l’ex-Première ministre n’avait pas reçu l’approbation de son cabinet ministériel avant de prendre cette décision.

«Le procés intenté à Ioulia Timochenko met en lumière les défaillances de l’appareil judiciaire en Ukraine, et la manière dont s’est déroulé le procès incite à douter de l’indépendance de la justice dans ce pays», a déclaré John Dalhuisen.

Ioulia Timochenko fait l’objet de poursuites dans le cadre de deux autres affaires.

Le 30 décembre 2010, elle a été inculpée de forfaiture pour avoir reçu 180 millions d’euros sur la vente d’un quota de gaz à effet de serre à une compagnie japonaise.

Ioulia Timochenko est également accusée d’avoir retardé en décembre 2009 la signature d’un arrêté pour le dédouanement d’une livraison de 1000 véhicules Opel Combo. Le délai aurait entraîné une perte budgétaire de l’ordre de 4,6 millions de dollars.

«Il faut qu’Ioulia Timochenko soit remise en liberté et que toutes les charges retenues contre elle soient abandonnées», a conclu John Dalhuisen.