«Il est devenu quasiment impossible d’essayer de suivre la situation des droits humains en Crimée. De soi-disant groupes criméens d'autodéfense harcèlent en toute impunité les manifestants pro-Ukraine, les journalistes et les observateurs des droits humains», a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
Jeudi 6 mars 2014, deux représentants de l’OSCE ont été contraints à abréger leur visite en Crimée pour des raisons de sécurité. Des soldats non identifiés ont parallèlement empêché des membres de l’organisation de se rendre dans la péninsule. Mercredi 5 mars, l’envoyé spécial des Nations unies en Crimée a lui aussi été obligé d’interrompre sa visite de manière prématurée. Quelques heures à peine après être arrivé en Crimée, il a été menacé par une foule agressive scandant des slogans pro-russes, puis forcé par des hommes armés à remonter à bord de son véhicule et à retourner à l'aéroport.
«L'OSCE doit rapidement établir une véritable mission de surveillance et bénéficier d’un accès sans entraves à l'ensemble du territoire ukrainien – y compris en Crimée, où la situation est précaire et les tensions restent vives. La Russie doit saluer cette initiative, pas la bloquer», a déclaré John Dalhuisen.
De nombreuses agressions ont été enregistrées
Des manifestants non violents essayant d’exprimer leur soutien à l’unité de l’Ukraine et leur opposition à la présence militaire russe dans la péninsule de Crimée sont victimes d’actes d’intimidation de la part de militants pro-Russie. Les policiers, présents en petit nombre, ne sont pas très visibles ou s’abstiennent d’intervenir quand journalistes et manifestants sont attaqués.
Toujours le 5 mars, une centaine d’hommes agressifs disant former la Ligue d'autodéfense de Crimée ont forcé une quarantaine de femmes à mettre fin à leur action de protestation pacifique devant le siège de la marine ukrainienne à Simféropol, la capitale de la Crimée. Les manifestantes tenaient des pancartes appelant à la paix et dénonçant l’intervention militaire russe en Crimée.
Ces hommes s’en sont également pris à un journaliste de Nouvelles de la semaine-Crimée qui essayait de filmer l’évènement. Ils l’ont poussé à terre dans la rue et ont menacé de le frapper. Des policiers criméens qui se tenaient à environ 30 mètres n’ont pas réagi.
Journalistes pris pour cible
Jeudi 6 mars, une journaliste de Kertch.fm a été menacée par des hommes portant l’uniforme des cosaques russes et par des membres de la Ligue d'autodéfense de Crimée lorsqu’elle-même et un collègue se sont rendus dans la zone où des ferrys relient la péninsule de Crimée à la Russie, après avoir entendu dire que celle-ci était occupée par les forces russes. Ces hommes lui ont dit : «Éteins ta caméra ou tu es morte.»
Amnesty International demande aux autorités de facto en Crimée, aux forces russes et aux nouvelles autorités ukrainiennes de veiller à ce que toutes les parties intéressées par le futur de l’Ukraine et de ses régions puissent exprimer leurs opinions de manière pacifique. Voir aussi : Ukraine: OSCE Monitoring Mission needed to calm tensions and prevent further human rights violations